Passion Parfums

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Caron, plus d'un siècle de créativité

 

C’est en 1904 que la maison Caron voit le jour à l’initiative du créateur Ernest Daltroff (1867-1941) et de sa « muse » et associée Félicie Wampouille (1874-1967), une jeune modiste qui travaille peu de la Paix. Il créera en pensant à elle et deviendra sans aucun doute l’un des nez les plus inventifs de la première moitié du XXème siècle.

 

Daltroff voulait un nom court, facile à retenir et dont la consonance peut s’adapter à n’importe quelle langue, c’est ainsi que la maison est baptisée Caron et s’installe au 10 rue de la Paix. Des boutiques ouvriront, au fil des décennies, avenue Montaigne, place Bauvau dans le 8ème arrondissement de Paris puis de l’autre côté de la scène, sur le boulevard Saint Germain dans le 6ème arrondissement. Actuellement, outre celle, historique de la rue du Faubourg Saint Honoré dont l’entrée est place Bauvau, tout près de l’entrée du palais de l’ Élysée, une seconde, magnifique d’ailleurs, a ouvert rue François 1er, de l’autre côté de l’avenue des Champs Élysées, toujours dans le 8ème arrondissement. Son ambiance, noir, argent et or, et les lignes art déco sont particulièrement adaptées, je trouve, à l’esprit de Caron et, il faut bien le dire, que ce soit dans l’une ou l’autre des boutiques, l’accueil est très chaleureux, sans chichis et particulièrement agréable. Depuis quelques années, un petit stand a été ouvert à l’étage parfumerie rare du Printemps du boulevard Haussmann.

 

En Province, la marque est également distribuée dans plusieurs parfumeries indépendantes. À Lyon, à l’Atelier Parfumé, rue Tupin dans le 2ème arrondissement, qui distribue la quasi totalité des collections de la marque, mais aussi à Megève, à Lille, Parfumerie du Soleil d’Or, à Toulon, Paris Parfum. J’ai pu également voir quelques références dans les rayonnages de certains printemps en province notamment à Lyon. La maison Caron est également présente en Suisse, Théodora Haute Parfumerie à Genève. Je suppose que, dans le monde, on trouve également des points de vente. J’avais également vu la marque, il y a quelques années, chez Harrod’s à Londres.

 

Quand on parle de Caron on pense évidemment aux poudres qui sont considérées comme les mieux réussies du marché et dont la formule est brevetée mais aussi et surtout à des parfums iconiques. Au fil des décennies, il y en a eu beaucoup et j’ai eu la chance, un après-midi pluvieux, de faire de très belles découvertes désormais collectors à l’Atelier Parfumé à Lyon. Cependant, la marque ayant été rachetée il y a quelques mois, beaucoup des anciens parfums ont étés supprimés du catalogue. Certains étaient de très belles réussites mais je suppose qu’ils n’étaient plus dans l’air du temps. Je pense notamment à de nombreux parfums fontaine tels « Poivre », « Narcisse Blanc » ou encore « French Cancan » et « Farnesiana » que j’aimais beaucoup où encore « Nuit de Noël » dont je ne connais que la version eau de toilette mais pour lequel j’ai vraiment un coup de coeur. C’est la même chose pour les masculins en ce qui concerne « l’Anarchiste » que j’ai porté avec délice.

 

Afin de ne pas créer de frustration, j’ai décidé de détailler mes impressions uniquement sur cinq parfums que l’on peut toujours trouver dans la marque. D’autre part, j’ai déjà dédié un article au premier grand succès de la marque, « Narcisse Noir » lancé en 1911, et je préfère vous proposer le lien que de me répéter indéfiniment : https://le-parfum-du-jour.blog4ever.com/narcisse-noir-de-caron-1.

 

Je commencerai donc par « N’aimez que moi », lancé en 1917 qui est une création typique de l’esprit d’Ernest Daltroff. Il s’agit d’un travail autour d’une rose chyprée, typique de cette époque. D’abord est sortie la version poudre avant que ne soit lancée la fragrance qui avait été imaginée pour ce qu’on appelait « les fiancées » de guerre qui attendaient le retour de leurs bien-aimés et pouvaient ainsi parfumer les lettres qu’elles leur envoyaient. Lorsque j’ai découvert « N’aimez que moi », je me suis rendu compte que, derrière cette description consensuelle et au-delà de l’histoire romanesque qui entourait ce parfum, c’était une interprétation complexe de la rose « à la sauce Daltroff », c’est à dire qu’elle prenait place au milieu d’un bouquet floral dans lequel on identifie évidemment la violette et l’iris. Le fond est un accord entre le vétiver et la mousse de chêne soutenu par de l’ambre et de la vanille. En extrait, tel que je l’ai découvert, vendu en fontaine, « N’aimez que moi » était un parfum dense, opulent mais jamais entêtant. Son côté désuet, m’a toujours fait penser que la manière la plus élégante de le porter était en cassant les codes. C’est à dire que je le vois bien sur une jeune femme habillée de manière simple et chic, voire même quotidienne. Enfin cela n’engage que moi. Sur le site de la marque, j’ai cru voir qu’aujourd’hui, bien qu’encore proposé en fontaine, il est vendu en eau de parfum. Je ne connais pas cette version donc je ne peux, hélas, pas en parler.

 

 

Le second parfum complètement iconique de la marque est évidemment « Tabac Blond » lancé en 1919 et s’adressant à des femmes ayant pris leur indépendance durant la Grande Guerre. On disait que ce cuiré devait rappeler les volutes de tabac américain qu’affectionnait les européennes au début des années folles. Sans doute « Tabac Blond » a-t’il été reformulé de nombreuses fois depuis sa création mais la version extrait de parfum que je connais est vraiment très belle. C’est un parfum tout à fait mixte qui est aussi élégant qu’il a pu être avant-gardiste et surprenant à l’époque. Aux notes de cuir, s’associent un fond d’ylang ylang, d’iris et de vanille qui lui confèrent une identité à mi-chemin entre un cuir de Russie et les parfums orientaux qui allaient rencontrer beaucoup de succès dans les années 20. Lorsque je sens la version extrait que je connais de « Tabac Blond », je ne peux que me rendre comte qu’il est parfaitement intemporel et qu’il n’a pas pris une ride. Je le trouve à la fois vraiment typique de l’esprit de la maison Caron. Pour la petite histoire la première version qui a été lancée a du être beaucoup plus épicées car il était un composite de ce qu’il est aujourd’hui et de « Poivre » qui, réinventé par Félicie Wampouille, est sorti en nom propre en 1954, et qui a, depuis peu, disparu du catalogue. Pour résumer, j’aime beaucoup « Tabac Blond » et c’est un parfum que je pourrais porter tout à fait facilement. Je ne me le suis pas approprié mais j’ai (quelle chance !), l’occasion de le sentir très très régulièrement.

 

 

Il est impossible de parler de la maison Caron sans évoquer son plus grand succès à travers le monde. Il s’agit évidemment de « Pour un Homme » lancé en 1934 et qui est le premier parfum complètement masculin de la parfumerie française. Avant cela, les hommes utilisaient plutôt des eaux de Cologne. Ernest Daltroff, une fois de plus, a décidé d’innover en créant ce parfum que l’on pourrait qualifier aujourd’hui d’oriental-fougère. Simplistique « Pour un Homme » ? Non, je ne crois pas. Pour le décrire à ceux qui ne le connaissent pas, il faut citer les trois ingrédients principaux qui le composent : la lavande, l’ambre et la vanille. Dans sa version parfum, je suppose qu’il était tout à fait opulent. Pour ma part, je ne l’ai connu que sous trois formes différentes, l’eau de toilette, « L’Impact de Pour un Homme » lancé en 2005 et reformulé par Richard Fraysse, une version très ambrée, profonde, avec pas mal de facette et « Pour un Homme le Parfum » (2007), reformulé par le même créateur et qui est plus une explosion de lavande, intense et naturelle. Ces deux dernières version ont été arrêtées par la marque mais je me suis laissé dire que Jean Jacques, le nouveau parfumeur de la maison Caron travaillait à ressortir l’extrait de parfum en se rapprochant le plus possible de la version originale. Il faut signaler que « Pour un Homme » en eau de toilette est le grand succès Caron et qu’il est extrêmement distribué. Pour ma part, je trouve que tout homme devrait le posséder dans son dressing parfumé car c’est un intemporel d’une absolue élégance. Il est exactement le genre de création avec laquelle aucune faute de goût n’est possible. Je l’aimais, je l’aime et je l’aimerai… En tout cas, je le porte toujours et encore.

 

 

 

Je pourrais aussi développer un paragraphe sur « Fleur de Rocailles » devenu aujourd’hui « Fleur de Rocaille » mais ce sont deux parfums différents et j’aurais peur de commettre des erreurs. Je préfère aller plus avant et évoquer une création sortie bien après la disparition d’Ernest Daltroff et Félicie Wampouille mais qui, je trouve, est une vraie synthèse de l’esprit maison. Il s’agit de « Montaigne », créé en 1987 et par Jean-Claude Delville et qui tire son nom de la boutique d’alors. Je trouve que c’est un travail qui rend vraiment hommage aux créations d’antan. S’il est vraiment un parfum de la nouvelle génération, « Montaigne » renoue complètement à l’esprit maison. On y retrouve les notes d’agrumes et de mimosa (à l’instar de « Farnesiana » qui, hélas, n’existe plus) en tête, de narcisse et de cassis en coeur, et enfin d’ambre, de bois de santal et de vanille en fond. Aujourd’hui, on ne le trouve que dans sa version extrait dans la collection privée. Je le connaissais aussi en eau de parfum et je trouve que les deux étaient une vraie réussite mais il a fallu à la marque, faire un choix. « Montaigne » est, pour moi, tout ce que j’aime chez Caron. C’est une création d’une grande complexité, d’une élégance un peu baroque qui confine au style. Je l’ai essayé plusieurs fois et, à chaque fois, je me suis pris à penser que, derrière son côté chic à la française, se cachait une fragrance énergisante et particulièrement facile à porter. En bref, j’aime beaucoup « Montaigne » et je suis heureux que les nouveaux propriétaires de la marque aient décidé de le conserver.

 

 

Re-création en eau de parfum d’une fragrance créée en 1991 par Jean-Pierre Bethouart, « Parfum Sacré » sous sa forme actuelle a été lancé en 2013. Après un départ de poivre tout à fait élégant, cet épicé s’arrondit en faisant la part belle à une rose de Bulgarie opulente et riche qui se pose sur des notes de cannelle, d’encens et de myrrhe. Baumé, chic, et « très Caron », ce féminin remporte un beau succès auprès de celles qui trouvaient certaines créations de la marque un peu datées. Enveloppant, doté d’un très beau sillage « Parfum Sacré » est, je trouve, celui des parfums aux flacons « demi-lune », le plus abouti. J’aime beaucoup son petit côté épicé qui titille les narines et l’éloigne d’un parfum trop classique. « Parfum Sacré » a été reformulé deux fois depuis sa création et je trouve que chaque version est bien réussie. En revanche, si vous cherchez quelque chose de consensuel, il n’est pas pour vous car il a une vraie identité et il demeure très audacieux. Pour moi, il est singulier et typiquement ce que j’attends d’une création de haute parfumerie (pourtant il reste abordable) et je pense que celle ou, pourquoi pas, celui qui le porte, aime se démarquer et ne se laissera pas séduire par le parfum de madame (ou monsieur) tout le monde. « Parfum Sacré » est à redécouvrir… vraiment !

 

Voilà, il reste, et heureusement, beaucoup d’autres belles découvertes à faire au sein de la maison Caron mais mon article est déjà trop long et il va falloir m’en tenir là. Un mot encore pour signaler que, depuis peu, un nouveau nez s’attelle à renouveler un peu la marque. Il est jeune, il s’appelle Jean Jacques et j’ai eu la chance de découvrir deux de ses créations originales (« Rose Ébène » et « Tubéreuse Merveilleuse ») mais chut… je n’en dis pas plus, j’attends de sentir les deux autres et j’écrirai un article sur ces nouveautés.

 

 



29/03/2020
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