Passion Parfums

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Séquence nostalgie : "Cornaline"

 

 

 

Cornaline Anatole Lebreton parfum - un parfum pour homme et femme 2018

 

 

 

Ce parfum, je l’avais découvert finalement récemment en explorant pour la première fois les créations d’Anatole Lebreton et le moins que l’on puisse dire est qu’il m’a fait de l’effet puisque, depuis, je l’ai énormément porté sans penser qu’il allait un jour disparaitre. Il s’appelait « Cornaline » et le parfumeur l’avait lancé en 2018. Je le trouvais absolument addictif. Le parfumeur en décrivait, de manière énigmatique l’inspiration : « Impératrice aux pieds nus dans un jardin exotique ». Pour moi, dès la vaporisation, ce fut le coup de coeur. Je me suis imaginé me promenant dans un jardin rêvé, luxuriant, un peu comme ceux décrits dans le Pays de Merveille de Lewis Carroll. Il m’a saisi dès que je l’ai mis sur ma peau et tous les autres parfums de la collection, pourtant créatifs et artistiquement super réussis sont passés (pour un temps) à la trappe. Il n’y avait que celui-ci que j’avais envie de porter et je l’ai fait. Les 50 ml n’ont pas fait long feu. J’ai seulement gardé le fond du flacon quand j’ai appris qu’il allait être supprimé. Il m’a fait l’effet whaou comme on dit et, il faut l’admettre, c’est de plus en plus rare en parfumerie.

 

 

 

Anatole Lebreton Cornaline: A Journey of Light ~ Fragrance Reviews

 

 

 

C’était un ambré fleuri d’un nouveau genre avec un départ très vif de bergamote, de géranium, velouté par une note de pêche et rendu profond par la graine de carotte que, décidément, j’aime bien en parfumerie. Le coeur était un bouquet floral à la fois poudré et très original avec une jacinthe très identifiable, un ylang-ylang exotique, un iris profond et même de la belle de nuit, une fleur bien peu utilisée en parfumerie (et c’est dommage) puis le parfum se posait sur la douceur d’un benjoin très « papier d’Arménie », de muscs blancs et de vanille. J’ai aimé le top note mais c’est vraiment tout au long de son évolution que je me suis mis à être addict à « Cornaline ». Anatole Lebreton, que nous avons rencontré, m’a expliqué qu’il voulait toujours le même nombre de parfums dans sa collection initiale et comme sortait un nouveau parfum, il lui fallait en supprimer un. J’ai beaucoup regretté que ce fut « Cornaline ». Il était mon préféré même si, aujourd’hui, celui que je porte le plus est « L’Eau Guillerette » et si je louche sur « Caribe Kiss ».

 


03/05/2024
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Bybozo, une marque pleine de surprises

Il est rare que j’accepte de tester une marque à la demande de ses fondateurs et que j’écrive un article ensuite. Je trouve que c’est délicat car je ne me sens pas du tout légitime pour élaborer une critique de parfum, d’ailleurs je pense que notre manière de réagir face à une création ou une autre car cela fait appel à nos émotion et notre ressenti reste subjectif. Lorsque j’ai été contacté par Bybozo, j’ai hésité à donner suite car j’avais le plus souvent refusé jusque-là mais je suis allé regarder un peu d’où venait la marque et quels étaient les fragrances proposées or elles étaient, pour la plupart, un peu éloignées de mes goûts et je me suis dit que ce serait une belle expérience. J’en ai donc testé six, sur la peau et autour de moi. Je vais essayer de vous en faire un petit compte-rendu. Fondée en 2020 par Hamoudi Khalil, passionné d’art et de mode d’origine syrienne et fortement imprégné par la culture de sa famille, cette maison a vu naitre à ce jour 16 parfums composés par les parfumeurs Paul Émilien et Marzia Tissino. Globalement, toutes les familles olfactives sont représentées, parfois délicieusement détournées, et chaque parfum (dans ceux que je connais) est doté d’une identité forte qui raconte, en somme, les souvenirs et l’histoire d’Hamoudi Khalil. J’ai donc eu envie de vous parler de mon ressenti, de mes surprises et, en somme, des six parfums que j’ai pu porter durant tout un week-end.

 

« Habibi », créé par Paul Émilien en 2021, est la première composition que j’ai portée et je dois dire, sans ménager le suspens, qu’il est aussi le premier coup de coeur et pourtant, les floraux fruités ne sont pas forcément ma tasse de thé. Je reconnais tout de suite la signature du parfumeur que j’ai connu à travers sa marque éponyme et c’est un retour qui me fait vraiment plaisir. Il en décrit ainsi l’inspiration : « Habibi - c'est une déclaration d'amour sincère et authentique, lorsque vous acceptez une personne avec toutes ses qualités et ses défauts. C'est comme cela qu'on appelle les personnes chères et aimées. Ce mot renferme la tendresse, les soins et l’amour ». Il s’ouvre avec des notes vertes qui vont forcément m’attirer mais, très vite, le côté suave d’un coeur de cerise et d’amande légèrement acidulé par une note de groseille adoucit le parfum qui se dirige vers un fond tendre de santal et de muscs. La note de cerise n’est pas, en parfumerie, très facile à travailler. Elle peut vite faire très synthétique, liquoreuse ou franchement too much. Il fallait l’élégance du travail de Paul Émilien pour en faire un parfum subtil, facile à porter et pourtant doté d’une vraie identité. Alors que je n’en n’attendais rien, je me dis que je pourrais facilement le porter. Il est doux, comme caressant, équilibré et il m’emmène vers de beaux jours de printemps.

 

Habibi ByBozo parfum - un parfum pour homme et femme 2021

 

 

J’attendais beaucoup de « Immoral » lancé et créé également en 2021 par Paul Émilien car, sur le papier, il avait tout pour me plaire. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Ce parfum captivant a rassemblé un panier entier de fruits et de baies. La maracuja exotique est associée à la pêche caramélisée. La poire au miel se marie aux feuilles épicées de cassis et à la framboise juteuse. Le panier de fruits au cœur laisse place à des notes florales douces. En notes de fond, la vanille épicée, le patchouli robuste et l'héliotrope enivrant confèrent à la composition une profondeur mystérieuse. Le musc séducteur et le santal crémeux apportent de la sensualité au sillage. Le summum de la joie et du plaisir ! ». Je l’ai donc choisi en second et posé sur ma peau. Il m’a énormément surpris et même dérouté. Je ne m’attendais pas du tout à ça car, avec sa construction un peu néo-chyprée, je le pensais complètement dans mes goûts hors, il est complexe, inattendu et beaucoup plus clivant que je pensais. Après une envolée très solaire de fruits de la passion, de framboise, de pêche, de cassis et de poire entouré d’un accord sable vient un coeur de muguet presque incongru et pourtant élégant puis un fond puissant de patchouli légèrement arrondi par les muscs, le bois de santal, l’héliotrope et la vanille. Imposant, puissant, « Immoral » est sans doute le parfum qui m’a finalement, le moins attiré, non pas par manque de qualité ou d’originalité mais, tout simplement parce qu’il ne me provoque pas les émotions que je recherchais en lui et m’entraîne un peu loin de mes goûts habituels. Je le réessayerai plusieurs fois afin de l’apprivoiser car, je ne comprends pas pourquoi je suis lui suis moins sensible qu’à certains autres. Il n’en reste pas moins extrêmement bien réussi et je pense qu’il plaira plus aux hommes, à ceux qui, dynamiques portent un costume-cravate.

 

 

Immoral ByBozo parfum - un parfum pour femme 2021

 

 

« Le parfum est intime, mystérieux et très séduisant. Il enivre et attire par sa beauté cristalline et sa sensualité. Le poivre rose épicé débute dans les notes de tête. Les sous-tons boisés attrayants interagissent de manière ludique avec la pivoine exquise et sensuelle, conférant une qualité magiquement séduisante à cet élixir aromatique. Le duo séduisant de musc et d'ambre complète la pyramide. Subtil, élégant, délicat et cristallin... Le parfum d'une femme que vous voulez porter dans vos bras ! » Lancé également en 2021 et toujours créé par Paul Émilien, « Décent » est LE fleuri par excellence, avec une douceur toute et un chic très parisien qui, je pense, séduira plutôt une « clientèle » féminine. C’est une formule courte, efficace, avec un départ de poivre rose, un coeur de pivoine et de litchi que je trouve particulièrement agréable puis, en fond, le parfum se pose sur un socle de muscs blancs, d’ambre et de cèdre. « Décent » est peut-être le parfum le plus consensuel de la collection. Il est facile à aborder et à porter, impeccablement réalisé, à la fois élégant et moderne. Pour moi, c’est une création qui fera bien facilement l’unanimité car « rien ne cloche », tout est à sa place. Je le décrirai comme une valeur sûre romantique. Il aurait aussi bien pu être porté par les héroïnes de Balzac que par Lisbeth Salander dans la série des Millenium. Pour moi, « Décent » est déjà un classique, indémodable, intemporel et je ne doute pas du tout qu’il va rencontrer son public. Je n’aime pas dire cela mais, si je l’aime vraiment, je n’arriverais peut-être pas à le porter car il m’évoque une féminité parfaite. Ceci dit, je l’ai senti et re-senti pendant de longs moments et il me séduit beaucoup.

 

 

Decent ByBozo parfum - un parfum pour femme 2021

 

 

 

Quand Paul Émilien parle de « Topless » qu’il a créé en 2021, il en décrit ainsi l’inspiration : « Topless - c'est la brillante matérialisation d'un week-end inoubliable à Ibiza. Inspirés par la joie, l'audace et le luxe de l'île, ces souvenirs ont engendré l'idée provocante d'un parfum. Ibiza, l'île où tout commence après le coucher du soleil, l'a rempli de fêtes sur des yachts, de rivières de champagne et de femmes dénudées ». Je trouve que c’est une idée plutôt osée et il est vrai que ce parfum n’est pas sage. Il casse les codes, utilise sur la peau toutes ses facettes et invite effectivement à la fête. Voilà donc un floral solaire absolument différent, résolument original. La création m’a vraiment, il faut le dire, surpris et je suis épaté. Sur ma peau, il n’est jamais là où je l’attends. Le départ de jasmin, poudré par la rose, à la fois fruité et cuiré par l’osmanthus et rehaussé de notes vertes, m’a tout de suite fait envie puis le coeur de narcisse, poudré et encore une fois un peu seconde peau, rendu un peu vénéneux par la tubéreuse et adouci par une note lactée que je n’aime pas trop en principe en parfumerie et qui, ici, est complètement à sa place, m’a convaincu complètement. Le parfum se pose sur un fond de cèdre légèrement ambré ce qui lui assure une très belle tenue. Je me suis senti complètement emporté par ce parfum. C’est un véritable coup de coeur. Son nom me faisait un peu peur, sa pyramide olfactive me laissait dubitatif et pourtant, je l’ai vraiment aimé. Il est absolument magnifique sur ma peau. Me l’approprier, en dépit des idées reçues, me serait tout à fait facile.

 

 

 

Topless ByBozo parfum - un parfum pour femme 2021

 

 

Créé également par Paul Émilien en 2021, « Eternal Rainbow » m’a aussi beaucoup plu même s’il entre un peu moins dans mes goûts habituels puisqu’il s’agit d’un vrai floral fruité. « Un antidépresseur olfactif, l'incarnation de la bonne humeur ! Il offre un sentiment d'euphorie et de bonheur, enveloppant dans un voile parfumé séduisant qui allie légèreté, luminosité et esprit joueur. Des fleurs rouges, du pamplemousse mûr, du vétiver, du laurier épicé, couronné de mûres juteuses - tout un éventail d'harmonie parfumée. Lumineux et insaisissable, doux et aérien, un arc-en-ciel parfumé dans un flacon ». Un départ de fruits noirs et rouge contrebalancé par le pamplemousse, un coeur floral particulièrement réussi, qui me fait penser à un mélange de pivoine et d’autres fleurs que je n’arrive pas forcément à identifier puis un fond de vétiver avec un twist aromatique (la marque parle d’une note de laurier), il est absolument original. Pour moi, « Eternal Rainbow » porte très bien son nom, c’est un arc-en-ciel de notes finement travaillées, presque diffuses. Tout à tout vraiment classique et élégant, « juteux », fruité, floral et quand même légèrement racinaire, ce parfum me plait et j’ai aimé le porter mais attention, il est assez particulier, il ne faut absolument pas l’acheter à l’aveugle (peut-être encore moins que d’habitude) car, tout au long de son évolution, il réserve pas mal de surprises. Je ne suis pas certain qu’il me corresponde mais, honnêtement, je l’ai aimé. Il m’a semblé à la fois singulier et addictif.

 

 

Eternal Rainbow ByBozo parfum - un parfum pour femme 2021

 

 

« Une déclaration d'amour à la Côte d'Azur en France. Une ode aux eaux azurées de la Méditerranée, aux buissons toujours verts, aux allées bordées de palmiers et aux arbres d’agrumes », tels sont les mots de Paul Émilien pour décrire le point de départ de la création de « Sea Breeze » lancé en 2022. Là encore, le parfumeur nous emmène en vacances mais, avec cette création, il m’entraîne dans un univers que je connais un peu mieux car, effectivement, il m’évoque une promenade au bord de la Méditerranée, une fin d’été avec mon chien et me remplis de bien être. Le départ fusant de citron et de poivre rose, le coeur salé et un peu frais avec des notes de pomelo adouci par la carambole, un fruit exotique dont je connaissais le goût, et la fleur de tiaré et le fond de vétiver, de vanille et d’ambre me convient parfaitement. Là encore, Paul Émilien a su allier « parfum de vacances » et élégance. « Sea Breeze » me renvoie à des émotions que je n’avais pas ressenties depuis bien longtemps. Je le trouve très régressif (en tout cas pour moi) et il correspond à mon histoire personnelle. Il m’a vraiment ramené à l’époque heureuse des vacances d’enfant sur la Côte d’Azur, avec tous les parfums qui se mélangent. Porté, il est vraiment très beau, plein de facettes et de fraîcheur. Il m’a énormément plu et, il faut le dire, c’est un beau coup de coeur également. Je pourrais tout à fait me l’approprier même si entre « Topless » et celui-ci, mon coeur ne cesse de balancer.

 

 

Sea Breeze ByBozo parfum - un nouveau parfum pour homme et femme 2022

 

 

 

J’étais un peu inquiet lorsque j’ai accepté d’essayer des parfums de la marque. C’est une responsabilité et, si je n’avais pas aimé globalement les créations, j’aurais sans doute refusé d’en faire un compte-rendu mais mes craintes se sont vites envolées car, j’ai beaucoup aimé le travail de Paul Émilien. Je regrette un peu de n’avoir pas encore senti les créations de Marzia Tissino mais ce n’est que partie remise. Il y a plusieurs parfums, notamment « Date in Paris », qui m’intriguent beaucoup. Pour ce qui est de ce que j’ai pu porter, je dirai que mon plus gros coup de coeur est celui que j’ai eu pour « Topless » qui était, sur le papier, celui dont j’attendais le moins, et que je trouve, pourtant vraiment addictif. J’espère que cet article, un peu long mais il y avait beaucoup de choses à dire, vous aura intéressé. En tout cas, j’ai pris plaisir à le préparer et à l’écrire alors longue vie à « Bybozo » !

 


02/05/2024
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Un muguet de circonstance

Fleur muette s’il en est car il est impossible d’extraire son odeur, le muguet a pourtant, de tous temps, inspiré les parfumeurs. C’est le printemps et je dois vous avouer quelque chose, chaque année, lorsqu’on en parle, à l’occasion du 1er mai, je me prends une envie de parfum dont cette note, recréée naturellement ou artificiellement, est dominante puis je renonce. Cela ne signifie pas que je suis une girouette, je vous l’assure, mais plutôt qu’il faut accepter que l’on aime certains parfums même s’ils ne sont pas pour moi. C’est le cas, je pense, des muguets. J’ai donc choisi de vous parler de la petite fleur blanche à clochettes à travers trois parfums emblématiques.

 

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Le premier est, évidemment, « Diorissimo », créé en 1956 par le père de la parfumerie moderne, j’ai nommé Edmond Roudnitska pour la maison Christian Dior et dont je connais un peu l’histoire à travers la conférence de son fils Michel (J’ai publié l’intégralité de ce moment il y a quelques semaines en video) et que j’ai toujours trouvé comme l’une des plus belles réussites parmi les classiques féminins que tout le monde connait. L’inspiration du parfumeur venait des fleurs qui poussaient le jardin de sa maison de Cabris dans le midi de la France et Edmond Roudnitska a voulu recréer ses impressions dans une fragrance qui allait devenir l’un des best sellers de la parfumerie durant de nombreuses années. Avec cette création et d’autres avant elle, il rompait complètement avec le style surchargé des succès de cette époque en inventant un parfum dont l’écriture épurée pouvait à la fois surprendre et enchanter. C’est donc en distillant d’autres fleurs qu’il a réussi à recréer exactement un muguet aux accents verts tel qu’on peut l’imaginer dans son jardin. « Diorissimo » est une fragrance délicate, comme une promenade matinale douce et romanesque qui incite à la rêverie. Comment Edmond Roudnitska a-t’il réussi à créer une pyramide olfactive qui imite aussi parfaitement l’idée que l’on se fait de la fleur. Chut, je ne vous le dirai pas car toutes les infos que l’on peut trouver là-dessus sont si fantaisistes que rien n’évente son secret. Sans doute « Diorissimo » a-t’il été reformulé depuis sa sortie mais je dois dire, pour l’avoir senti récemment, qu’il garde toute sa magie et pourtant je ne suis pas fan des parfums de la maison Dior.

 

 

Diorissimo Dior parfum - un parfum pour femme 1956

 

Allez, je vous emmène en Angleterre pour découvrir un classique créé en 1847, excusez-du peu pour la maison Floris London dont je vous ai déjà abondamment parlé. Pour moi, le « Lily of the Valley » de la marque est exactement ce que j’aime car le muguet est mis en exergue mais il est également entouré d’autres fleurs qui, à la fois recréent son odeur et y ajoutent une rondeur et une profondeur absolument équilibrée. La composition en est classique vous allez le voir, après une envolée de citron et de bergamote, le muguet apparait entouré d’ylang yang, de violette, de rose et de jasmin. Je ne sais pas vraiment comment ces fleurs sont travaillées mais il en ressort l’originalité d’un muguet presque poudré, presque propret au premier abord mais à la fois intense et délicat lorsqu’on le porte. Je pense que le muguet fait partie de la tradition olfactive britannique. Il faut d’ailleurs admettre que cette fleur est reconstituée sans doute de manière plus synthétique dans plein d’eaux de toilettes plus accessibles chez Yardley ou dans d’autres marques typiquement anglaises. Mais revenons au « Lily of the Valley » de Floris London. J’ai eu la chance d’y avoir accès et même de l’essayer. J’ai adoré. Je me suis senti enveloppé à la fois de douceur et de fraîcheur. Je trouve que son côté un peu suranné est très élégant et, finalement, ne donne pas une impression vieillotte comme souvent. Il est vraiment à découvrir, mieux, à essayer sur la peau. En tout cas, si un jour je franchis le pas, il serait un candidat sérieux.

 

Lily of the Valley Floris parfum - un parfum pour femme 1847

 

 

« Muguet de Porcelaine » est l’un des parfums créés pour la collection des Hermessences par Jean-Claude Ellena. Lancé par la maison Hermès en 2016, il est typique de la signature « aquarelle » du parfumeur. Épuré, tout en légèreté, il met le muguet en valeur grâce à une profusion de muscs blancs. La poire et l’herbe coupée en notes de tête nous font directement entrer dans le parfum. J’aime beaucoup aussi la note récurrente de fleur d’oranger qui se marie merveilleusement avec le muguet. Jean-Claude Ellena a également utilisé une molécule d’hédione qui permet de renforcer la facette verte des fleurs. « Muguet de Porcelaine » est une très jolie création mais, à l’instar des Hermessences qui me plaise, sa tenue est assez courte. J’admets que je trouve que c’est un peu frustrant. Néanmoins, c’est un parfum très intéressant, une variation originale autour du printanier muguet. J’ai beaucoup aimé le sentir.

 

Hermessence Muguet Porcelain Hermès parfum - un parfum pour homme et femme  2016

 

 

Voilà, nous ne sommes pas encore le premier mai et j’avais envie de en secouant un peu les clochettes de cette petite fleur mythique pour voir quelles créations de haute parfumerie allaient en sortir. Il y a de moins en moins de muguet sur le marché et je le regrette... Je trouve chaque interprétation tout à fait agréables.

 


01/05/2024
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Arts Meets Arts, magique et musique

 

Besame Mucho Art Meets Art parfum - un parfum pour homme et femme 2017

 

 

 

Il y a quelques mois, j’ai découvert la maison Art Meets Art lors d’un séjour à Paris et j’avais aimé les créations de cette marque lancée en 2017. La maison débarque à Lyon et j’ai eu l’occasion de les redécouvrir. Il y en avait sept au départ et il reste quatre, créées par Christophe Raynaud, Frank Voelkl, Alberto Morillas et Fabrice Pellegrin. Concordance entre les arts, synesthésie, appelons la démarche comme nous le voulons mais surtout penchons-nous dans l’univers élégant et quand même un peu pop de cette singulière petite maison d’éditions de parfums rares, réussis et plein de charme.

 

La première création dans laquelle je me suis replongée, je l’avais un peu laissée de côté lorsque j’ai découvert la marque. Il s’agit de « Besame Mucho » créé par Christophe Raynaud en 2017 et je dois dire que je l’ai finalement trouvé super chic. La marque en explique ainsi l’inspiration : « Audacieux, érotique & élégant. Construit autour du cuir noir, une attaque mordante de mandarine sanguine avec une touche d'encens, suivi d'une luxueuse iris menant à un final de cèdre de l’Atlas » et je trouve que les mots utilisés sont particulièrement bien choisi car, il faut le dire, et ce n’est pas comme ça que j’aime décrire mes impressions en général tant cela est subjectif, « Besame Mucho » est un parfum de séduction. Il s’ouvre avec la douceur de mandarine et le côté à la fois un peu froid de l’encens et du poivre rose puis vient un coeur d’iris poudré rehaussé par une très belle gaine d’ambrette et le côté presque croquant du bourgeon de cassis. Enfin, le parfum se pose sur un fond chaude cuir, de bois de santal et de cèdre. J’aime l’audace de la création, son côté sensuel, tendre et charnel mais je ne pourrais pas porter « Besame Mucho ». Il ne me correspond pas vraiment, il est un peu aux antipodes de ma personnalité et de mes goûts.Besame Mucho Art Meets Art parfum - un parfum pour homme et femme 2017

 

Le nom du second parfum est un peu moins classique et fait, bien évidemment référence au premier tube de Madonna puisqu’il s’appelle « Like Virgin ». Il a été créé par Alberto Morillas en 2017 et il en décrit ainsi l’inspiration : « Je suis un fan du travail de Madonna, de sa manière de se réinventer constamment. Pour "Like A Virgin", j'ai tenté de capturer qui elle était à ce moment de sa carrière, l'énergie propre à cette chanson, à toute cette époque ». L’envolée est vraiment très belle avec la douceur des muscs blancs et la vivacité des notes aquatiques puis vient un coeur très élégant et un peu étonnant quand même de freesia, de rose et de pivoine qui vient contrebalancer, par son côté extrêmement floral, les notes vraiment très stylisées du départ. L’effet est vraiment beau. J’aime beaucoup le parfum durant son évolution mais je suis un peu moins attiré par les notes de fond qui sont quand même très ambroxan, ce qui n’est pas une molécule que j’aime tellement finalement. Le parfum est abstrait, très élégant mais il me rappelle quand même les fragrances de l’époque de la chanson avec un twist très moderne. Je suis un peu partagé. J’apprécie la création mais je ne suis pas tellement attiré par cette composition même si j’en ressens à la fois la qualité et l’originalité.Like a Virgin Limited Édition Art Meets Art parfum - un parfum pour homme  et femme 2017

 

 

 

C’est également en 2017 que Frank Voelk a créé « Lilac Wine » dont je vous avais déjà parlé et qu’il décrit ainsi : « Les parfums et la musique ont beaucoup en commun. Nous parlons de notes de parfum et d'accords de parfum. On peut parler d'un thème ou d'une mélodie dans un parfum ». Pour moi, il est quand même vraiment le plus original de la collection avec un très beau départ de lavande, de violette et de prune qui nous conduit sur un coeur aromatique, de sauge et de freesia, un mélange qui a presque, en effet, un côté lilas puis la fragrance s’étoffe, se pose sur un fond de cèdre, de mousse d’arbres et de muscs. « Distingué, enivrant & mystérieux. L'élégance intemporelle de la lavande, d'un accord Cognac et du bois de cèdre, mâtinée d'une pétillance contemporaine apportée par la violette, la prune et le musc ». J’avais un peu peur d’un côté liquoreux mais, finalement, « Lilac Wine » revêt un peu un côté naturaliste et légèrement frais sur ma peau. L’association de la prune, de la violette et de la lavande peut paraître anarchique mais je trouve que, finalement, ce parfum est tout en cohérence. Je l’avais beaucoup aimé et je confirme mon impression. Je n’aime pas spécialement les aromatiques mais celui-ci a presque un côté chypré. Je l’ai essayé et réessayé. Il me plait vraiment beaucoup. C’est mon coup de coeur dans la marque.

 

 

Lilac Wine Art Meets Art perfume - a fragrance for women and men 2017

« Sensuel, sensuel... & sensuel. Miel épicé, absolu de tabac et vanille ». Le dernier parfum, créé par Christophe Raynaud en 2017, « Sexual Healing » puise évidemment son nom et son inspiration dans l’univers de Marvin Gaye. Est-ce un parfum de séduction ? Je ne sais pas. Pour moi, il évoquerait plutôt un dandy du XIXème siècle que la voix enveloppante de Marvin Gaye. C’est mon imaginaire. Il démarre avec des notes miellées et épicées par le gingembre qui nous entraîne sur un coeur de tabac blond puis un fond de vanille et d’ambroxan. Il me plait, c’est un fait. Je le trouve un peu subversif, élégant et particulièrement addictif. Il est vraiment très réussi mais, il ne m’a pas du tout surpris. Je lui trouve une parenté évidente avec l’un des parfums que j’ai beaucoup porté et qui a été curieusement discontinué. Il s’agit évidemment de « Roaring Radcliff » créé il y a quelques années par Daphné Bugey pour la collection Portraits de Penhaligon’s. Je retrouve quand même beaucoup de notes communes. Peut-être est-ce pour ça qu’il m’a plu. Je ne trouve pas que « Sexual Healing » soit si provocant que cela. Je le trouve même plus réconfortant qu’autre chose. Sans doute est-ce parce qu’il est à contre-courant de ce que j’aime et que, pourtant, il me fait développer une certaine addiction. En tout cas, c’est clair, je pourrais parfaitement le porter. C’est une très jolie création.Sexual Healing Art Meets Art parfum - un parfum pour homme et femme 2017

 

 

 

Globalement, j’ai bien aimé la marque, l’idée de s’inspirer des univers musicaux de Consuelo Velazquez pour « Besame Mucho », de Madonna pour « Like Virgin », de James Shelton pour « Lilac Wine » (chanson que je ne connais pas) et de Marvin Gaye pour « Sexual Healing » est très logique pour moi. J’aime beaucoup cet esprit de concordance entre les arts. Je suis très content d’avoir remis mon nez dans les quatre créations survivantes de cette marque. J’espère qu’elles vont trouver leur public et également un peu plus de diffusion.

 


30/04/2024
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Nouveautés avril 2024

Le mois d’avril est souvent celui des sorties très attendues. J’ai eu la chance de découvrir certaines d’entre-elles et je suis très content de venir vous faire part des mes premières impressions sur ce que j’ai pu sentir ou, encore mieux, essayer. Je sais que vous aimez ce genre de revues et je prends beaucoup de plaisir à les préparer et à les écrire. Parmi les nouveautés, certaines ont su me séduire, d’autres moins ou pas du tout mais j’ai décidé de parler de tout ce sur lequel j’ai réussi à mettre mon nez.

 

Parmi les lancements très attendus, il y a, bien évidemment « Tilia », le tout nouveau parfum créé par Quentin Bisch pour le couturier Marc-Antoine Barrois. Comme son nom l’indique, il tourne autour de la note de tilleul : « Simple. Solaire. Souriante. C’est la senteur d’un été qui dure toujours. Des vacances qui se prolongent. Inflexions abricotées miellées du genêt. Tendresse poudrée de l’héliotrope. Un bouquet bucolique qu’enrichit un brin velouté de jasmin sambac. Et que souligne, comme un trait d’ombre exalte l’éblouissement d’un après-midi au soleil, le terreux fumé du vétiver… Première d’une constellation de parfums floraux, Tilia est aussi le nom d’une étoile imaginaire. Celle qui veille sur les jours heureux. Une ode à la simplicité et à l’optimisme ». Le moins que l’on puisse dire est que « Tilia » rompt complètement le reste des parfums de la marque. C’est un vrai grand floral, à la fois moderne, vraiment inédit et d’une belle douceur. L’association du tilleul, profond et unique avec le genêt, le jasmin et le côté amandé de l’héliotrope est du plus bel effet. Le fond de vétiver et d’ambroxan le soutient parfaitement et la tenue est absolument incroyable, ce qui semble vraiment l’un des postulats de Quentin Bisch pour les parfums Marc-Antoine Barrois. J’ai beaucoup aimé « Tilia » alors que je ne pouvais pas vraiment dire que j’étais très attiré par les précédentes créations. Il est intense certes mais d’une belle finesse. Je me suis surpris à le sentir et le re-sentir. Dire qu’il s’agit d’un coup de coeur n’est pas encore d’actualité. Il faut que je le porte un peu plus pour savoir si je l’aime vraiment ou si mon engouement est éphémère.

 

 

Tilia Marc-Antoine Barrois parfum - un nouveau parfum pour homme et femme  2024

 

 

 

Il y a déjà quelques temps, j’avais découvert « Infuse », le nouvel opus créé par Olivier Cresp pour sa marque Akro. Il faut le dire, je suis vraiment très séduit par ce parfum autour du thé. Il serait peut-être « mon » parfum dans cette maison consacrée aux addiction. Cela n’a rien de vraiment étonnant car je suis un buveur de thé et que j’aime les notes en parfumerie. Je ne compte plus les créations dans lesquelles elles sont travaillées en majeur que j’ai porté. « En Asie, l'ancienne boisson du thé doit être préparée avec la plus grande attention aux détails, parfois accompagnée d'une cérémonie. À son meilleur, le thé est à la fois relaxant et revigorant, sensuel et stimulant. Un tonique pour vous accompagner tout au long de la journée. Pour célébrer les joies de la culture asiatique du thé, nous avons créé Infuse, un parfum basé sur les saveurs et les arômes de la célèbre infusion Oolong ». Après un départ un peu amer, comme un matcha préparé dans la tradition japonaise, le parfum se développe et se facette sur ma peau. La pyramide semble classique. Le parfum s’ouvre sur des notes de bergamote et de freesia pour évoluer vers un coeur de maté; de thé oolong, d’abricot et d’osmanthus puis se poser sur un fond d’ambroxan, de vétiver et de bois de gaïac. Lorsque je l’ai posé sur ma peau, j’ai plongé dans un univers qui m’est non seulement familier et confortable mais que j’aime profondément. « Infuse » est un vrai coup de coeur et je remercie vraiment Marion qui est formatrice pour la marque et qui me l’a fait essayer très en amont. Grâce à elle, je peux en parler très facilement.

 

AKRO Fragrances by Olivier Cresp

 

 

 

Je ne suis pas forcément un adepte des parfums Kilian aussi n’étais-je pas forcément pressé de découvrir « Sunkissed Goddess », la nouveauté créée par Calice Becker. Finalement, c’est une bonne surprise. Un joli solaire, très bien réalisé. « La fragrance s’ouvre sur ce mariage heureux entre un tiaré blanc à l’onctuosité délicieuse et une essence d’ylang-ylang terriblement sensuelle, avant de faire place à la rondeur chaleureuse du coco et de la vanille, et de finir sur des notes de gaïac et de ciste labdanum, deux odeurs emblématiques que Kilian Paris affectionne pour leur caractère résineux, leur énergie et leur charme persistant ». Ce parfum, qui fait partie de la collection Les Fleurs Narcotique nous promène entre les notes emblématiques d’ylang ylang, de fleur de tiaré et de noix de coco. Je trouve la fragrance très qualitative et je me rends compte que j’aime vraiment les parfums solaires. « Sunkissed Goddess » n’est peut-être pas mon préféré mais il se développe très bien sur ma peau même s’il garde un côté huile de bronzage. En revanche, je trouve son prix complètement prohibitif. On trouve, de très beaux parfums solaires sur le marché et il en fait partie mais rien de plus. Je ne franchirai pas le cap car je lui préfère d’autres créations dans la même veine.

 

 

 

Sunkissed Goddess By Kilian parfum - un nouveau parfum pour homme et femme  2024

 

 

« Cappadocia » est le nouvel opus de la collection Graines Vagabondes de Memo. « Le safran est la clé de voûte de cette composition, magnifiée par la douceur pétale des fleurs, des bois crémeux et des résines. Parfum délicatement ambré et enveloppant, il fait partie de notre collection Graines Vagabondes ». J’avais découvert ce parfum créé par Gaël Montero il y a déjà quelques mois, très en amont de sa sortie, et je viens de remettre mon nez dessus. Les notes principales en sont le beurre le safran, le bois de santal et la myrrh mais on peut aussi trouver dans son évolution, des facettes jasmin, beurre d’iris, encens, benjoin et vanille. Je dois dire que je n’ai pas tellement aimé cette composition certes complexe et « très dans l’esprit Memo ». Je n’aime pas dire cela mais, sur ma peau, son développement se révèle un peu quelconque. Rien ne m’accroche même la qualité pourtant indéniable des matières premières utilisées. Parfois, je ne sais pas tellement pourquoi une création ou une autre me provoquent une émotion. Je suis toujours un peu méfiant d’ailleurs avec les parfums de la marque. Je me rends compte qu’ils ne me conviennent pas vraiment. Parfois, j’ai un engouement puis ça me passe. C’est ainsi. Avec « Cappadocia », je n’ai pas accroché du départ même si je sais que, objectivement, c’est un très beau parfum. La parfumerie réserve toujours des surprises.

 

Cappadocia Memo Paris parfum - un nouveau parfum pour homme et femme 2023

 

 

« Ceci est un coup de soleil, une joie éclatante qui enchante chaque instant. Une chaleur Coco-Rose ondule entre Santal et Musc Blanc. Une vibrante extase. Et soudain, l’horizon, bordé de teintes ozoniques, s’illumine dans une manifestation d’allégresse... Un éclat silencieux de Baies Roses réchauffe notre être, ajoutant son empreinte d’un bonheur couleur Coco- Rose au grand livre des souvenirs. Puis, dans une étreinte blanche, toute en Muguet et Frangipanier, nous voilà confortés sous les plus favorables auspices. Rayonnement souverain, émerveillement sans fin, coup de soleil doux comme un baiser de Santal et de Musc Blanc. Émotion ardente d’une chaleur Vanille éthérée qui cajole. Les coeurs s’ouvrent, les âmes s’épanouissent, ivres de lumière, dans un instant de douce ferveur ». Composée par Julien Rasquinet, la nouvelle création d’Histoires de Parfums est déjà le numéro 1.7 et a pour nom « Sous Le Soleil Exactement ». Tout un programme. Avec un départ de baies roses, de noix de coco l’envolée se pare de notes ozoniques puis arrive un coeur solaire de rose, de muguet et de fleur de frangipanier puis un fond de vanille, de muscs et de santal. Je trouve même qu’il y a quelque chose de cuiré. J’ai aimé tout de suite le départ et le coeur de ce parfum mais ce qui me plait le plus, ce sont les notes de fond, solaires, florales et profondes. « Ceci N’Est Pas Un Flacon Bleu 1.7 » est une très jolie création. Il est vrai que les parfums solaires sortent un peu de tous les côtés en ce printemps. Je ne vais pas m’en plaindre.

 

 

This is not a Blue Bottle 1.7 / Ceci n'est pas un Flacon Bleu 1.7 by  Histoires de Parfums & Perfume Facts

 

 

 

 

« L'intention derrière Wavechild était de créer un parfum qui capture l'essence exaltante du surf : son insouciance, le sentiment libérateur de liberté et l'attrait addictif qu'il suscite. Il s'agit d'un pur parfum de style de vie, infusé de notes irrésistiblement addictives, qui incarne l'esprit même du style de vie des surfeurs. Conçu pour évoquer les rivages ensoleillés, la brise salée et le frisson des vagues, Wavechild est plus qu'un simple parfum - c'est un témoignage de la passion et de la dévotion des surfeurs pour leur art ». Tels sont les mots de Jérôme di Marino pour évoquer la création qu’il vient de réaliser pour Room 1015. C’est un parfum frais, solaire, plein de pep’s et qui évoque la culture surf. « Immergez-vous dans un voyage olfactif et embarquez pour un hommage à la Culture Surf, chevauchant les vagues olfactives des agrumes, de la pastèque, de la noix de coco et de l'ambre gris. De la légendaire Huntington Beach aux gangs de surfeurs, motards, et à l'électrisant mélange d'audace et de créativité, Wavechild est une célébration de l'art du surf. Dépouillé à l'essentiel, le parfum entre vos mains est une explosion d'énergie brute, rebelle, de bout en bout. Ouvrez vos narines et votre esprit... Devenez le Wavechild ». Cet « enfant des vagues » s’ouvre avec des notes de mandarine, de citron et d’orange pour nous entraîner vers un coeur juteux et jubilatoire de pastèque et de noix de coco puis un fond d’ambre gris et de cacao. J’ai bien aimé cette création très vivifiante et moderne, pleine de petites facettes et je la trouve joyeuse. Elle annonce l’été, les vacances. « Wavechild » est un parfum facile, sans « prise de tête », qui évoque une certaine liberté car il est quand même assez original mais je le trouve peut-être un peu léger sur ma peau. Je ne sais pas si je pourrais me l’approprier mais il m’a bien plu. Son flacon bleu est très joli, ce qui renforce l’impression plutôt positive que j’ai eu en le découvrant.

 

 

 

Wavechild Room 1015 parfum - un nouveau parfum pour homme et femme 2024

J’ai reçu en avant-première, un échantillon de « Red Burning Night », le nouveau parfum créé par Marion Costero pour The Different Company. « Je suis un parfum provocant dans la nuit de Cordoue, un jasmin du soir transcendé par un soleil ardent sur l’ocre de ma terre. Mon parfumeur m’a habillé d’une fraîcheur intense, gorgée d’une bergamote juteuse, piquée de baies roses. Ici mes fleurs narcotiques sont travaillées à l’ancienne, pour révéler leur versant gourmand et subtil, contrebalancé de notes sèches et boisées, sublimé de tonka et de musc lumineux. Je suis le regard brulant et racé des andalouses quand la musique embrase la nuit dans la lumière des cierges. Je suis un parfum fatal, hypnotique, puissant. Je suis Red Burning Night ». Une ouverture d’ylang-ylang très solaire, associée à la bergamote et au poivre rose nous emmène vers un coeur de jasmin et de lait puis un fond de cèdre, de Tonka et de patchouli. Je dois dire que je suis un peu dérouté par le développement de ce parfum. Il y a quelque chose de rebutant mais aussi d’attractif. Sur ma peau, le lactone est vraiment très présent et c’est un peu difficile pour moi de supporter cette note. Elle est certes contrebalancée par le côté opulent et solaire de l’ylang-ylang et aussi la facette boisée mais je ne le supporte pas tellement bien. Objectivement, la création est jolie mais ce n’est indubitablement pas un parfum pour moi.

 

Red Burning Night The Different Company parfum - un parfum pour homme et  femme 2024

 

 

 

J’avais eu une impression lorsque, il y a plusieurs semaines, j’ai découvert « Queen of Silk », le nouveau parfum de la maison Creed, une impression très mitigée. Je l’avais senti sur touche et sur une gaze pour en connaitre le fond. Aujourd’hui, il est sorti même si les revendeurs doivent attendre mai pour le mettre en avant et j’ai pu le mettre sur ma peau. « Jetant ainsi un sort hypnotisant sur tous ceux qui ont le privilège de la rencontrer ; Queen of Silk, c'est une nouvelle fragrance envoûtante signée House of Creed. Reflet de l'élégance recherchée de la soie, ce parfum caresse délicatement la peau à la façon d'une douce mousseline, enveloppant celle-ci d'une aura enchantée à la vibrance lumineuse. Inspiré par les pays lointains où cette précieuse étoffe voyageait autrefois, Queen of Silk tisse des murmures exotiques d'osmanthus de Chine, de tubéreuse luxuriante et d'un patchouli de Java aérien, l'ensemble dansant en mouvements séduisants avec le cèdre, le bois d'agar et la douceur brûlante de la vanille de Madagascar, offrant un hommage sensuel et durable au raffinement intemporel ». Il s’ouvre avec une envolée de magnolia, d’osmanthus et de safran que je trouve assez belle puis vient un coeur assez original de tubéreuse, de fruit de la passion, de patchouli de Java et d’oud et, enfin, un fond de vanille de Madagascar, d’encens, de myrrhe, de cèdre de Chine, de muscs blancs et d’ambroxan. Je dois dire que j’aime l’envolée et le coeur mais, que, comme la première fois, je ne suis pas fou du fond que je trouve trop boisé à mon goût et surtout moins original que ce que j’aurais cru. Il n’en reste pas moins que le parfum, dans son ensemble, est plutôt agréable et qu’il va rencontrer son public. En plus, le flacon est très beau. Je trouve par contre dommage que les prix se soient autant envolés dans la marque.

 

Queen of Silk Creed parfum - un nouveau parfum pour femme 2024

 

 

« Sur les versants du Mont Rose est née cette ode à la passion évoquée par l’orchidée vanille noire unie au laurier rose et magnolia. Ce bonheur des sens s’ouvre sur une touche gourmande de guimauve, safran et petits grains pour ensuite nous transporter entre les séquoias des berges du lac de Côme avec des notes boisées d’encens échappées d’églises millénaires ». J’ai découvert, en légère avant-première, « Orchid K » le troisième opus de la collection K d’Ella K. Pour l’inspiration, Sonia Constant, créatrice et fondatrice de la marque explique : « Pour Orchid K j’ai voulu créer un parfum autour de cette orchidée vanille noire découverte dans le Mont Rose en Italie que j’ai associée aux fleurs qui bordaient le lac de Côme, les magnolias, les jasmins, les lauriers roses et les roses sauvages… J’ai ajouté les notes gourmandes typiques des cannolis vanille et des Marshmallow servis tel un nuage au bout d’un pic lors de nos dîners amoureux. J’ai ensuite scellé le parfum avec les notes boisées et majestueuses des séquoias centenaires bordant les rives, et des volutes d’encens s’échappant des lourdes portes des églises environnantes ». Le départ de petit grain, de laurier rose et de guimauve est très duel. Je le trouve complètement attendu et pourtant bien réalisé. Le reste du parfum m’a semblé qualitatif avec des notes d’orchidée, de vanille noire, de magnolia et de rose sauvage au coeur et un fond de séquoia, de vanille et d’ambrofix durable. Le parfum revêt des facettes boisées de vanille de très bonne qualité, plutôt sombres, j’ai senti des aspects caramélisés, presque liquoreux et un fond très bois ambré qui m’a un peu moins plu. Si j’avais beaucoup aimé la première collection de la marque, j’avoue que, malgré son succès évident, la série  K me plait moins. Je trouve les parfums un peu trop convenus, pas assez originaux mais celui-ci est plus sombre, plus complexe. Il m’a plu un peu davantage. Je ne l’ai pas essayé sur la peau mais, le cas échéant, si je décide de le faire, je viendrai vous en parler.

 

 

Orchid K Ella K Parfums parfum - un nouveau parfum pour homme et femme 2024

 

 

J'ai fait vraiment de belles découvertes en ce mois d'avril. Je dois dire que les sorties, très attendues, qu'il a porté tiennent leur promesses et qu'il y a même de belles surprises. Je suis vraiment très content de ce que j'ai découvert depuis le début de l'année car j'ai déjà eu trois coups de coeur importants. Je dois dire qu'en avril, le champion toute catégorie est, sans surprise, "Infuse". Olivier Cresp a créé finalement le parfum de sa marque que j'ai envie de porter. En tout cas, j'aime beaucoup le résultat et je suis très heureux de cette sortie. Ceci dit, les autres ne sont pas mal non plus. 

 


29/04/2024
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Via François, la rêverie d'un artisan de la parfumerie

« Un parfum est comme un souvenir dont les contours s'estompent dans votre mémoire ; on y distingue une esquisse, un sentiment, une atmosphère, une chaleur » tels sont les mots de la marque pour expliquer la démarche de Via François, une nouvelle maison de parfums artisanaux née en 2023. À ce jour, la maison propose cinq eaux de parfums et deux extraits que j’ai pu tester. Je suis très content de pouvoir vous en proposer une revue complète. Je vais tenter de ménager mon avis global jusqu’à la conclusion de mon article mais peut-être que, ici et là, mes impressions et mes émotions transparaitront. Attention, je le redis une fois encore : ce que j’écrit n’est qu’un ressenti et n’a absolument pas valeur de critique.

 

La première création que j’ai pu essayer s’appelle « Amaimono » et est ainsi décrit par le parfumeur : « Souvenir d'une immersion en Amérique aux antipodes de ma campagne normande, où faire sa place rime avec séduction. Girofle gingembre cigare et cèdre, mélange d'épices à la fois terriennes et aériennes, qui se portent en toute occasion pour déployer votre pouvoir d’attraction ». Épicé et boisé, en concentration eau de parfum, cette composition s’ouvre sur des notes très épicées. Il me semble sentir surtout un côté clou de girofle puis, au coeur, des notes à la fois tabac et bois, un peu miellées me remettent les idées en place si l’on peut dire. Il m’évoque assez une fumée à la fois chamanique et un peu réconfortante qui se confirme avec un fond très camphré. « Amaimono » me déroute. Je ne sais pas trop si je l’aime ou s’il me dérange. C’est un peu un parfum attraction vs répulsion. En tout cas, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est original, à la fois ethnique et doté d’une curieuse élégance. Se pourrait-il qu’il soit le tabac idéal pour celles et ceux que la note peut rebuter d’habitude.

 

 

Amaimono Via François parfum - un nouveau parfum pour homme et femme 2023

 

 

« Le retour aux sources, là où une partie de mon cœur est resté. C'est un sillage familier, rassurant, irrésistible, comme une étreinte sous la chaleur provençale. Servie en tête par les épices méditerranéennes de safran enrobé de cacao, l'alliance du vétiver et de la fève tonka exprime la tentation, cet instant où tout peut chavirer ». Singulier, légèrement gourmand, complètement inattendu, tel est « Layover Aix » la seconde eau de parfum que j’ai pu découvrir. Je trouve le départ très safran adouci par le cacao absolument magnifique. Je dois dire que j’ai eu, et c’est rare, ce que j’appelle « l’effet waouh » lorsque je l’ai vaporisé. J’ai tout autant aimé le coeur de ciste et de tabac que je trouve à la fois vraiment original et, en même temps, très agréable. Je suis un peu moins séduit par le fond d’encens et de fève tonka. Je trouve qu’il nuit un peu au côté chaud et poudré que j’avais tant aimé au départ et durant l’évolution. J’ai quand même un peu un coup de coeur pour « Layover Aix ». Il ne m’évoque pas tellement mes séjours en Provence. Je le trouve presque plus « exotique » mais nous avons tous notre propre ressenti.

 

 

Layover Aix Via François parfum - un nouveau parfum pour homme et femme 2023

 

 

« Naturomane » est vraiment le parfum le plus proche de mes goûts parmi la collection. « L'addict de la nature : embrassez vos rêves d'évasion avec un bouquet d'épices enivrantes : patchouli, cardamome et cannelle rehaussées de notes vivifiantes de framboise et bergamote. 100% d'origine naturelle, cette eau de parfum symbolise la pulsion de vie, l'envie de découvrir de nouveaux horizons et de se surprendre ». Pour une fois, je supporte très bien la note de framboise et j’ai un net coup de coeur pour l’association des épices avec les muscs et le patchouli. Le parfum est corsé mais doux. Il a du caractère mais s’avère très facile à porter. Il me promène à travers un sous-bois rêvé comme si j’avais rapetissé et que je pouvais déambuler dans les jardins miniatures de mon enfance. Il y a quelque chose de vraiment addictif pour moi dans « Naturomane ». Vraiment, il m’a touché. Je pourrais tout à fait me l’approprier.

 

 

 

Naturomane Via François parfum - un nouveau parfum pour homme et femme 2023

 

Avec l’eau de parfum suivante, « Sydney 1 AM », nous partons, bien sûr de l’autre côté du globe : « Fermez les yeux et laissez-vous aller avec ce parfum de joie intense, témoin de l'insouciance, de ce moment où vous et moi étions prêts à tout lâcher pour une nouvelle vie, sur un coup de tête. En apparence frais et fruité avec sa tête rose - rhubarbe, ce sillage est ensuite poussé par les épices en cœur et bois précieux de santal, qui lui donnent une très grande amplitude. C'est le parfum surprenant, celui qui vous happe et vous maintient dans le vertige des sens ». Sur le papier, le départ de rhubarbe et de bergamote et le coeur de rose et de tubéreuse et le fond de patchouli a tout pour me plaire. Il s’agit d’un néo-chypré très surprenant qui, il faut le dire, est séduisant. Il me prend et j’adore le sentir sur ma peau. Bien sûr, ceux qui lisent ce blog me diront qu’il est assez « dans mes goûts » mais je lui trouve une très belle originalité. Il y a quelque chose de très tendre et d’un peu addictif dans ce parfum. En tout cas, il me plait, j’ai un peu de mal à expliquer pourquoi mais il est attirant et élégant. Là encore, je pourrais le porter assez facilement.

 

 

 

Sydney, 1 AM Via François parfum - un nouveau parfum pour homme et femme  2023

 

Avec sa concentration extrait, sa sophistication et son intensité, « Le Parfum : un titre incontournable, hommage à celui du roman de Patrick Süskind et au Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, transfiguré par des effluves magnifiques : un oud sublimé par la gardénia et le musc blanc. Entre théâtre et littérature, le jeu est ici très clair : ne laisser personne indifférent. La puissance redoutable de son sillage orne une personnalité hors du commun, avide de soufre et d'amour ». Je le trouve particulièrement déroutant avec son départ résineux et floral à la fois. Il me semble sentir une note de gardénia et de myrrhe mais je me trompe peut-être. Le coeur est ambré, vanillé et animal à la fois et le fond très cuiré. Je me sens un peu déstabilisé par son évolution sur ma peau. Je dois dire que le oud lui confère quelque chose de vraiment très original et vraiment profond. Je ne peux pas dire que j’adhère totalement. J’ai été un peu rebuté par les notes de fond sur ma peau. Je dois dire que je reconnais tout à fait la qualité de cette composition mais elle n’est, manifestement pas pour moi.

 

 

Le Parfum Via François parfum - un nouveau parfum pour homme et femme 2023

 

 

Un encens froid, minéral, comme une pierre d’église tel est, en tout cas pour moi, « Vierge à L’Encens », le second extrait de parfum. « Obsédante combinaison de senteurs bibliques, à la fois métalliques comme l'or et résineuses comme la myrrhe et l'encens, cet opus symbolise l'ultime prise de risque, celle qui a été nécessaire pour s'affranchir, pour retrouver sa pulsion de vie, sa liberté. Un vrai baume d'émancipation qui se joue des codes du sacré, pour faire renaître le désir : un parfum clivant et salvateur ». Quand on dit que la parfumerie de niche est segmentante, nous en avons un vrai exemple avec ce parfum. Il va ravir les amateurs d’encens, de notes ozoniques, de myrrhe et de résines en tout genre. Pour ma part, et tant mieux, il me fait tourner la tête et me semble difficile à supporter. C’est comme ça. « Vierge à L’Encens » est un parfum clivant, adoré par les uns, fui par les autres et il m’a été particulièrement passionnant de l’essayer.

 

 

Vierge À L'Encens Via François parfum - un nouveau parfum pour  homme et femme 2023

 

 

 

En 2024, la marque et son parfumeur réinvente la fougère aromatique avec une lavande absolument inédite. Je n’ai pas pu connaitre la concentration de « Licorice Lavandula » mêle un des note de café, de lavande, d’épices douces et froides à un fond de réglisse. Je ne suis jamais attiré par les parfums de cette famille olfactive mais celui-ci, vraiment, je le trouve absolument fascinant. Le côté liquoreux et épicé associé à la lavande est de toute beauté. Je crois qu’il n’est pas encore en vente mais je pourrais vraiment le porter. Il me déroute comme, en son temps, « Mandragore Pourpre » de Goutal que je porte finalement mais qui m’avait vraiment surpris au départ. Les deux parfums ne se ressemblent pas mais leur côté absolument singulier m’a séduit. Je vais le réessayer et je pense que je lui consacrerai un article à part entière.

 

 

Licorice Lavandula Via François parfum - un nouveau parfum pour homme et  femme 2024

 

 

Beaucoup de nouvelles marques voient le jour, d’autres disparaissent. Il est parfois difficile de s’y retrouver dans le monde de la parfumerie alternative, indépendante ou quel que soit le nom qu’on lui donne et je suis toujours un peu dubitatif lorsque je découvre une marque dans sa globalité. J’ai bien aimé me plonger dans l’univers de Via François alors que je n’en n’attendait pas forcément une surprise. Le qualificatif qui me vient est « qualitatif ». En plus, le rapport qualité-prix me semble très correct alors que demander de plus ? J’espère que la marque trouvera des distributeurs. Je crois savoir qu’elle s’est faite remarquer à la Perfume Week de Paris il y a quelques semaines. C’est un premier pas.

 


28/04/2024
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Quatre belles maisons portées disparues

Après DelRae il y a quelques années, c’est au tour de Mona di Orio, La Parfumerie Moderne, Anima Vinci et aujourd’hui Olibere, de disparaitre petit à petit des parfumeries. On trouve de moins en moins de points de vente, les sites internets de vente disparaissent et peut-être que la pandémie, le conflit russo-ukrainien ou d’autres drames ont-ils sonné le glas, je l’espère temporairement, de maisons qui proposaient de si beaux parfums. Certes, en ce qui concerne Mona di Orio, depuis la disparition de sa fondatrice, les changements ont étés tels et le réseau de distribution si réduit hors des Pays Bas où se tenait le siège social, ont posé de nombreux problèmes mais pour ce qui est des trois autres maisons que j’ai cité, je ne m’explique pas vraiment le pourquoi de leur disparition. Elle s’est faite progressivement et je ne peux que la déplorer. Pour ne pas oublier, j’ai décidé de revenir sur ces quatre marques à travers des parfums que j’ai particulièrement aimé. J’espère qu’un jour, on les verra renaitre de leurs cendres.

 

« Nous prenons une pause pendant que nous écrivons le prochain chapitre de la Maison Mona di Orio » tel est le message énigmatique que l’on peut lire sur le site désormais fermé de la marque depuis quelques mois. La marque renaitra-t-elle ? Rien n’est moins sûr et, attaché comme je le suis aux créations qu’elle a proposé, je le regretterai bien sûr énormément. Fondée en 2004 par Nathalie di Orio dite Mona, ancienne élève du maître parfumeur Edmond Roudnitska, la maison a d’abord proposé la collection des eaux de parfums ou collection signature, « Lux », « Nuit Noire », « Carnation », « Oiro », « Amyitis », « Chamarré » et « Jabu » puis celle nommée Les Nombres d’Or dans lesquels on pouvait retrouver « Tubéreuse », « Musc », « Ambre », « Cuir », « Vétyver », « Vanille », « Oud » et « Rose Étoile de Hollande ». Après la disparition de Mona, en 2011, son associé, le designer hollandais Jeroen Oude Sogtoen fera paraître deux inédits, « Violette Fumée », le parfum personnel de la créatrice ainsi que « Eau Absolue » qui était en cours de création. Il m’est bien difficile de choisir un parfum plutôt qu’un autre que j’aurais préféré tant la signature de Mona di Orio me touche, m’impressionne et même me fascine. Elle avait construit une vraie oeuvre olfactive et je trouve absolument désespérant que la marque disparaisse. Pour illustrer mon propos, j’ai choisi « Cuir » créé en 2010 et qu’à ce jour, je considère comme le cuir de ma vie. Boisé, fumé, étonnant, « Cuir », créé également en 2010 est, pour moi, l’un des parfums les plus atypiques de la collection et je dois dire qu’il est sans doute mon préféré. « S'ouvrant sur une bouffée de fumée gauloise, il devient rapidement des épices grillées et de l'absinthe douce avant l'apparition du cuir. Pleine de virilité, cette version fumée d'un Cuir de Russie traditionnel nous rappelle le cuir de selle de cheval, les bottes et la sensualité animale, vous ramenant à l'élégance et aux souvenirs du passé avec un œil sur l’avenir ». Présenté surtout comme un masculin, ce parfum est totalement mixte car il est élégance, chic sans concession. Le côté épicé de cardamome, s’allie volontiers avec le bois de cade doux aux accents de vétiver, de résine d’opoponax, de cuir et d’un accord de castoreum. J’ai souvent parlé de « Cuir » depuis que j’ai pu le trouver car je le porte vraiment énormément. Si un parfum avait été créé pour moi, ce serait peut-être celui-ci. En tout cas, et même si j’en porte d’autres, il est sans aucun doute « le » cuir de ma vie. Je l’aime passionnément et, à chaque fois que je le vaporise le matin, je me fais plaisir. Il n’est pas réconfortant mais il me trouble et me rend content de le porter. Je ne sais pas très bien comment exprimer cela mais j’aime « Cuir » entièrement. Je souhaite, bien évidemment, que la marque renaisse, que les parfums de Mona trouvent une nouvelle vie mais je ne me fais pas trop d’illusions. Il semblerait que la nouvelle direction veuille tourner définitivement la page française.

 

Cuir Mona di Orio parfum - un parfum pour homme et femme 2010

 

 

Quand j’avais découvert Anima Vinci, un peu avant le lancement de la marque en 2017, j’avais été complètement sous le charme franco-britannique de cette maison axée sur le spirituel et le bien-être. Chaque parfum avait une personnalité forte et Nathalie Vinciguerra, qui avait été directrice de la création de L’Artisan Parfumeur et de Penhaligon’s, s’était entourée de parfumeurs formidables pour réaliser chaque création. Je citerai Thomas Fontaine, Michel Roudnitska, Sophie Labbé, Christian Provenzano, Beverley Bayne, Randa Hammami et Fanny Bal. La marque comptait huit magnifiques compositions contenus dans un flacon dont les lignes arrondies m’évoquent la quiétude et la pureté. J’aime beaucoup également, c’est un détail mais j’y tiens, la couleur à mi-chemin entre le turquoise et le bleu-roi qu’elle avait choisi pour les emballages. J’avais eu un vrai coup de coeur pour « Jasmine Yang » qui avait été composé par Thomas Fontaine mais c’est finalement « Wood of Life » qui m’avait le plus séduit. J’aime beaucoup le travail de Michel Roudnitska et j’ai évoqué « Wood of Life » à plusieurs reprises dans les pages de ce blog mais je crois qu’il me faut y revenir car il est sans doute l’un des seuls parfums boisés que je connais et que j’aurais pu porter tant il m’a surpris, tant il m’a plu. Il démarrait avec une envolée très étonnante mêlant la bergamote, l’orange, la menthe, le gingembre et le pamplemousse qui lui donnaient un petit côté un peu amer et complètement inédit. Le coeur d’ylang ylang, petit grain, cannelle et clou de girofle était assez typique, je trouve de la signature du parfumeur et le fond, construit autour du bois de palo santo, avec des notes de vanille très sèche, un accord cuir, du vétiver et du patchouli s’avérait clairement d’une grande richesse. Je trouvais ce parfum complètement original et je n’avais rien senti de pareil comme c’est le cas avec plusieurs compositions de la marque. Le départ me surprenait tellement que je me suis demandé comment il allait évoluer. Maintenant, je le sais, ce fut un parfum ethnique, faussement brut et diablement addictif. Il apportait une sensation de bien être évident lorsqu’on le portait. Bref, j’ai adoré « Wood of Life ». Je regrette terriblement la disparition de cette marque mais le cite internet a disparu et il semble impossible désormais de se réapprovisionner. Je regrette déjà Anima Vinci. Il y avait là une vraie démarche originale et une certaine idée de la création qui manquera dans l’offre proposée en parfumerie.

 

 

Wood of Life by Anima Vinci » Reviews & Perfume Facts

 

 

 

Bien sûr, lorsque l’on s’intéresse à la parfumerie alternative, le nom de Marc-Antoine Corticchiato nous dit quelque chose. Parfumeur indépendant, il a créé principalement pour sa marque, Parfum d’Empire à laquelle j’ai déjà consacré des articles car, outre les deux FIFI Awards qu’il a reçu pour « Corsica Furiosa » et « Tabac Tabou », ses deux collections sont baroques, modernes et vraiment créatives. C’est en 2013, que Philippe Neirinck a créée sa marque, La Parfumerie Moderne, et lui a commandé tout d’abord trois parfums pour la lancer puis deux autres. Les créations pour cette maisons sont très éloignée de l’univers de Parfum d’Empire et j’ai pu très tôt les explorer car, pour les amateurs de belles matières premières et de fragrances élégantes, elles étaient très intéressantes , originales et étaient toutes dotées d’une identité très marquée. De plus, et même si ce n’est pas le principal, j’étais assez séduit par le packaging et le flacon art déco très travaillé qui abritait chaque jus. Mon goût pour le lilas m’avait conduit à adopter « Désarmant », sorti dès le lancement de la marque en 2013. Il était, je trouve, je trouve, le plus original de la marque. C’était un lilas (mais travaillé de manière cuirée avec des notes de vanille et de mousse de chêne. Je l’imaginais très bien porté avec un blouson en cuir et un jean comme avec un costume très chic. Surprenant, déroutant et moderne, il n’en demeurait pas moins un parfum de dandy. Je trouvais que l’association lilas et cuir s’avérait très singulière mais également très élégante. « Désarmant » portait bien son nom, il surprenait, séduisait et intriguait. C’était le parfum chic par excellence. Porté, il avait vraiment un côté faussement classique et je lui trouvais une parenté (dans l’esprit mais pas dans la fragrance) avec « Grey Flannel » de Geoffrey Beene. Estampillé mixte par la marque, je l’imaginais aussi très sur une femme avec une tenue classique chic, ce serait une jolie expérience. Je trouvais qu’avec cette création, Marc-Antoine Corticchiato était allé plus loin qu’avec les autres parfums de la marque. Je l’aimais vraiment beaucoup or, depuis plusieurs mois, Philippe Neirinck, suite sans doute à des soucis personnels, a cessé de commercialiser cette très belle collection et s’est retiré du paysage parfumé sur la pointe des pieds. Il est toujours triste de voir une si belle maison disparaitre.

 

 

 

Desarmant La Parfumerie Moderne parfum - un parfum pour homme et femme 2013

 

 

Reverra-t-on le si joli petit paon imaginé par Marjorie Olibere comme logo de sa marque en 2014 ? J’avoue que j’espère encore car, comme vous le savez, je suis particulièrement attaché à cette maison de parfums dont les trois collections avaient été crées par Bertrand Duchaufour, Amelie Bourgeois et Luca Maffei. Trois univers distincts constituaient cette maison de parfums indépendante dans laquelle soufflait un vent de liberté créative particulièrement comme une bouffée de senteurs et d’oxygène dans le milieu de la parfumerie. Je dois dire, et c’est rare, que j’ai accroché sur tous les jus que j’ai découvert. J’en ai porté plusieurs et, comme pour Mona di Orio, j’ai eu du mal à choisir un seul parfum pour illustrer mon propos. J’ai choisi un parfum extrait de la collection Les Mythiques que j’ai porté tout l’hiver et qui a pour nom « Savannah’s Heart ». Ce fut celui que j’ai découvert en premier et force m’est de constater que, si j’ai aimé les quatre parfums énormément, celui-ci a été vraiment un coup de coeur. Le postulat de départ était pour Luca Maffei de s’inspirer de l’univers de Karen Blixen et de « Out of Africa » et je dois dire que c’est une parfaite réussite. Marjorie Olibere décrit ainsi cette création : « Un parfum chaud, boisé et puissant qui vous transportera au cœur de la savane africaine ». Entre cuir et bois profond, c’est une merveille n’ayons pas peur des mots. J’ai pu en profiter toute la journée car je la passais avec un ami qui a tenu à l’essayer lorsque nous l’avons découvert et vraiment, le sillage, la tenue, la création, tout y était pour faire non pas un beau parfum mais un grand parfum. La concentration extrait lui conférait quelque chose d’unique, de multi facetté et de profond qui ne pouvais que me séduire. Après un départ très tendre mais déjà cuiré de Labdanum rafraîchi par des notes de bergamote et de rhubarbe, le parfumeur nous entraînait sur un coeur de café arabica très finement travaillé avec une molécule synthétique, le karmawood qui l’enveloppe et lui donnait une subtilité étonnante. Les notes de fond s’avéraient hyper harmonieuses et la vanille se mêle à différents muscs et à un bois de santal qui rendait l’ensemble d’une parfaite cohérence. Je trouvais vraiment « Savannah Heart’s » à la fois addictif et d’une rare subtilité. Pour moi, ça a été carton plein. Depuis le début de l’année, Marjorie Olibere ne communique plus. Tout ce que j’espère, au-delà de mon attachement à sa maison, qu’elle va bien et qu’un jour, le petit paon reviendra accompagné du sourire et du contact chaleureux que nous aimons tous beaucoup. Ce dernier paragraphe a l’air d’une bouteille à la mer… c’est le cas.

 

 

 

Savannah's Heart Olibere Parfums parfum - un parfum pour homme et  femme 2017

 

 

Voilà, je voulais faire un petit clin d’oeil à quatre marques qui, pour l’instant (et j’espère temporairement) sont devenues indisponibles. Je les ai beaucoup aimées et il me semblait qu’en parler n’était pas tabou. En tout cas, j’ai eu envie de le faire…

 


26/04/2024
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Exquise trouvaille : "Blanc Poudre"

 

 

Blanc Poudre James Heeley parfum - un parfum pour homme et femme 2018

 

 

J’ai un vrai coup de coeur pour un parfum que je connais pourtant depuis sa création en 2018. Il faut dire qu’il a été reformulé par son créateur en 2021 et je trouve qu’il y a gagné : « Très proche à la première, cette version se distingue par sa note de fond renforcée par la vanille gourmande. Inspiré par la porcelaine française, ce parfum crée une sensation intense de douceur, blanche et poudrée. Les notes florales et lumineuses dessinent un nuage d’innocence nuancée par la chaleur sensuelle et délicate d’une peau nue ». Plus tenace, plus nuancé, « Blanc Poudre II » est vraiment, pour moi, l’un des parfums musqués les plus élégants, les plus cocons et les plus réconfortants que j’ai pu découvrir. Je trouve aussi qu’il a gagné en ténacité et en sillage. Pour moi, c’est un foulard de soie et un morceau d’ouate imprégné de poudre de riz à la fois. Je le trouvais, au départ, plutôt féminin mais, depuis, je l’ai porté et j’ai changé d’avis. Il me plait, je le trouve à la fois « confortable » et particulièrement réconfortant. Je n’aime pas trop dire cela car c’est peut-être un peu bateau mais, franchement, je ne sais pas comment l’exprimer autrement.

 

 

 

James Heeley, un anglais à Paris - Passion Parfums

 

James Heeley

 

Il s’ouvre avec des notes fleuries mais c’est pratiquement comme s’il n’avait pas d’envolée car on rentre, très vite, dans un coeur de fleur de coton et de poudre de riz particulièrement subtil mais qui garde quand même une certaine puissance. Le fond est dominé par une très belle vanille et des muscs blancs soutenus par un bois de santal qui lui apporte une belle longévité. Sur ma peau, « Blanc Poudre » est donc vraiment une réussite. Je le trouve absolument portable toute l’année et son élégance discrète, un peu à l’anglaise, contemporaine et pourtant inscrite dans un côté presque vintage par moment, me fait vraiment plaisir. Je l’ai essayé et réessayé. Je pourrais parfaitement me l’approprier. En règle générale, j’ai une belle image de cette marque qui ne cesse de me plaire, de me surprendre… en un mot… de me séduire !

 


25/04/2024
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Orto Parisi ou l'autre univers d'Alessandro Gualtieri

* Article entièrement réécrit

 

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Neuf extraits de parfums en 50 ml, voilà ce que propose, à ce jour Alessandro Gualtieri dans sa marque Orto Parisi. Après le succès de ses créations pour Nasomatto, le parfumeur italien propose des jus différenciants, évolutifs et particulièrement complexes. J’en avais découvert un ou deux au cours de me pérégrinations parfumées mais je n’avais pas de vue d’ensemble aussi ai-je eu envie de sentir toutes les références et même d’en essayer certains afin de me faire une idée plus précise et pouvoir vous en parler. « Les parties du corps les plus marquées par une odeur sont celles sur lesquelles l’âme se concentre. Les odeurs fortes nous sont devenues désagréables, parce que les débordements de l’âme nous sont intolérables à mesure que notre sensualité innée est réprimée et cassée par la civilisation » raconte Alessandro Gualtieri. Vous l’aurez compris, le postulat de départ est de créer des parfums sensuels, charnels, qui s’adressent au sens. C’est donc un univers un brin sulfureux que nous propose le parfumeur.

 

 

 

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Alessandro Gualtieri

 

 

 

Le premier parfum que j’ai découvert a été « Brutus » lancé en 2014 et que le créateur décrit ainsi : « Brûler Rome ou bien la quitter à jamais. Nous avons tous ce moment crucial de notre vie, quand le destin nous met au défi. Brutus était fort, un homme d'acier. Il l'est resté jusqu'à la fin. La fragrance aux notes de géranium, de rose et de labdanum est inspirée de ce caractère tranchant et entier ». La marque présente ce parfum comme un ambré fougère. J’avoue que ça me déroute un peu. Pour moi, le départ de bergamote et de mandarine est d’emblée presque poudré et, sur ma peau, le coeur de géranium, de lavande et de rose accentue cette impression. Je ne le trouve pas du tout aromatique mais, sur moi, la rose et le géranium s’entremêlent délicieusement. Le fond d’ambre, de mousse de chêne, de musc est soutenu par un patchouli à la fois délicat et bien présent. « Brutus » est surprenant. Tout au long de son évolution, j’ai eu des impressions contradictoires. Le départ et, les premières trente minutes sont, sur moi, vraiment poudrées et la dualité de mousse de chêne et de patchouli lui donnerait presque quelque chose de chypré d’ailleurs, avec la bergamote en tête, il reprend tout à fait cet accord. Si je devais l’associer à une famille olfactive, je dirais que c’est un chypre moderne et musqué.

 

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Créé également en 2014, « Viride » est le second que j’ai découvert. C’est indéniablement un boisé aromatique qui s’ouvre sur les notes anisées de l’armoise et de l’absinthe associées à la lavande. Le coeur de jasmin est opulent, profond et tout à fait finement travaillé. Le fond est construit autour d’une très belle qualité de cèdre avec des notes de baie de genièvre, de sapin, de musc tonkin reconstitué, de sapin et de tabac brun. Alessandro Gualtieri le décrit ainsi : « Une fragrance verte et profondément puissante. Un hommage aux premiers hommes Yéménites, les hommes-fleurs, ces chevriers nomades qui arborent une couronne de fleurs aromatiques. Les notes d'armoise et de cèdre qu'elles diffusent, ont inspiré la création de Viride ». Lorsque je l’ai senti évoluer, le mot qui m’est venu a été « atypique ». En en lisant la description, je l’aurai rapproché de « Absinth » qu’Alessandro Gualtieri a créé pour Nasomatto mais pas du tout. Il y a tout au long de l’évolution, un trio d’impressions entre le côté anisé des notes de tête, fleuri du coeur et boisé du fond. C’est un parfum très dense, très élégant, peut-être le plus chic de la collection car il a un côté « translucide », ni trop transparent ni trop liquoreux. C’est un très bel équilibre.

 

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Créé en 2016, « Séminalis » est un peu à Orto Parisi ce que « Sécrétions Magnifiques » est à État Libre d’Orange. Sensuel mais clivant, aldéhydé et naturaliste à la fois. Alessandro Gualtieri le décrit ainsi : « Ce parfum a été conçu en l’honneur de la vie : le bourgeonal, qui rappelle le muguet, est un aldéhyde aromatique qui aide le spermatozoïde humain à localiser l’ovule pour engendrer une nouvelle vie ». Je vous livre ses mots comme ils sont mais je suppose que les détaillants qui ont choisi Orto Parisi auront du mal à vraiment le faire lorsqu’ils le présenteront à leurs clients ! Après un départ aldéhydé, le coeur de framboise, de muguet et d’oeillet est pour le moins déroutant autant que peut l’être le fond de cèdre, de cuir, de patchouli, de santal et de sucre vanillé. J’avoue que je l’ai trouvé très animal alors qu’aucune note musquée n’est mentionnée. C’est un parfum profond, pas facile, terriblement « pointu » même si je n’aime pas cette expression. Je suis complètement dérouté par cette odeur que j’ai trouvée presque dérangeante. Ceci dit, je ne l’ai pas essayé sur la peau. Je pense qu’il a dépassé mon audace. J’y reviendrai peut-être… qui sait ?

 

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« Un parfum recouvert de chocolat noir, un baiser volé qui laisse sur les lèvres un arrière-goût épicé. L’équilibre de Boccanera est frappant, déroutant, entre parfum et saveur, entre amour et crainte », tels sont les mots d’Alessandro Gualtieri pour préssenter « Boccanera » lancé en 2014, un parfum entouré d’un certain mystère car le parfumeur ne partage pas les notes. Il me faut donc jouer les devins pour vous le décrire et vous savez que je ne suis pas très fort pour ça. Je vais quand même essayer. Ce que je perçois lors de son évolution ce sont des notes de chocolat noir, amères et persistantes posées sur un coeur épicé, poivré, presque pimenté je pense, puis un fond réconfortant de muscs blancs et de bois de santal. C’est un gourmand sans sucre, sans opulence. Pour moi, il a presque un côté huile de cacao. Je ne sais pas vraiment comment il peut évoluer sur la peau. J’avoue que la note de chocolat m’a vraiment déroutée. Par moment, je la sens presque mêlée à d’autres, plus animales. C’est un parfum très curieux. Pour moi, il est un peu entre attraction et répulsion. Je dirais que je l’aime… moi non plus.

 

 

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Les notes de « Bergamask » lancé en 2014, tournent, changent, reviennent et vraiment il m’a stupéfait par son évolution. C’est un hespéridé mais pas au sens classique du terme. Alessandro Gualtieri le décrit ainsi : « Extrait de parfum en constante évolution, Bergamask accroche à la peau et ne cesse de muer au fil du temps. Une danse de la séduction entre le tueur et sa victime, Bergamask vous traverse comme une blessure lancinante ». L’imaginaire qu’il lie au parfum est très éloigné du mien lorsque je le sens, il me faut bien le dire. Pour moi, le départ de bergamote et de citron est vraiment « juteuse ». Je ne sens jamais le zeste mais bien la pulpe des agrumes. Le coeur de fleur d’oranger rafraîchit un peu l’ensemble. La marque parle d’une association avec la lavande et le muguet mais je ne les ai pas senties. Je suis passé plutôt à un enrichissement des agrumes par des notes de musc presque animal renforcé par la rondeur épicée de la fève tonka. J’ai beaucoup aimé « Bergamask ». Je pense que je pourrais facilement me l’approprier mais il ne fait tout de même pas partie de mes coups de coeur. Quoi que…

 

 

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Un parfum amande et héliotrope avec un fond cuiré, oud et boisé il fallait y penser. Tel est « Stercus » lancé en 2014 et dès l’envolée, j’ai été séduit. Alessandro Gualtieri le décrit ainsi : « Stercus, est une fragrance qui joue sur la dualité du cycle de la vie: la douceur qui enrobe et qui séduit et la part animal qui heurte. Un parfum entier, dans la lignée des créations Orto Parisi ». Je trouve que cette présentation est parfaitement conforme à mes impressions. Le départ légèrement aldéhydé fait la part belle à une note d’amande ou d’héliotrope très enveloppante et suave rehaussé d’un accent anisé. Le coeur de rose est résolument poudré et le fond cultive la dualité entre le côté boisé, avec cèdre, cuiré, musqué et même oud conjugué avec l’héliotropine, une molécule qui reprend, en plus rond encore, le côté amandé de la fleur d’héliotrope. La marque mentionne aussi une note de vanille que je n’ai pas forcément senti sur ma peau mais qui doit être plus aromatique que je m’y attendais. J’ai essayé « Stercus » et je l’ai porté pendant plusieurs heures. J’ai beaucoup aimé. Il est surprenant, moderne, tendre et puissant à la fois. C’est mon coup de coeur dans la marque indéniablement.

 

 

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J’avais lu des articles sur des blogs et beaucoup entendu parler de « Terroni » sur les chaînes YouTube consacrées au parfum et je l’avais senti brièvement lors d’un passage à Paris. Créé en 2017, il est présenté comme un oriental et décrit par ces mots : « Revenir à l'essentiel, retourner à la Terre et à nos racines. Le geste puissant d'enfouir ses mains dans le sol, comme un aboutissement. Un retour aux origines du monde et des hommes, pour puiser l'inspiration de la vie ». Le départ est clairement fruits rouges et on évolue sur un fond ambre, benjoin, bouleau, cèdre, mousse, musc, patchouli, tonka, vanille, vétiver et bois de gaiac. Rien que ça ! « Terroni » est dense, puissant, sombre et lumineux à la fois. C’est effectivement un oriental mais terreux et boisé comme un retour au source. Son sillage est absolument incroyable. Je crois que je ne l’assumerai pas. Sa puissance dépasse un peu mes limites et la « fragilité » de mon nez. Ceci dit, c’est un parfum très complexe et, j’ose le dire, très italien dans ce qu’il a de lumineux et terrien à la fois. Je pense qu’il faut vraiment le découvrir car il ne ressemble à rien d’autre et qu’il peut ravir celui ou celle qui le choisira.

 

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Le dernier parfum que j’ai senti est une redécouverte puisqu’on me l’avait présenté aux Galeries Lafayette des Champs Élysées un peu après sa sortie en 2019. « Megamare » est un boisé marin, je ne saurai le décrire autrement. Les mots d’Alessandro Gualtieri : « Brillante, inaccessible et froide, la mer se dévoile dans cet extrait de parfum avec un mouvement pur et immatériel. Sa transparence et ses formes se succèdent à perte de vue, embrassant notre esprit. Megamare est une douceur salée, aux notes vertes d'algues et aux notes iodées ». Le départ est très hespéridé avec des écorces de bergamote et de citron mais le coeur, construit autour de l’hédione est salé par les algues et iodé par la molécule de calone. Le fond de cèdre, d’ambroxan et de muscs soutient la fragrance. C’est une proposition originale de parfum de vacances. Il est puissant, lumineux, intense et particulièrement original. Alessandro Gualtieri réinvente le marin avec ce parfum froid et profond. Je l’aime beaucoup et je pense qu’il vient en deuxième dans mon palmarès. Vraiment, c’est une réussite.

 

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Ethnique, sensuel, étonnant et particulièrement soigné, l’univers d’Orto Parisi m’a séduit par l’inventivité de son créateur. Je découvre une autre facette, plus sombre peut-être que celle que j’avais noté en découvrant Nasomatto, mais tout aussi original et passionnant. Je ne suis pas certain que les fragrances soient forcément pour moi (exception faite de « Stercus » qui est un vrai coup de coeur) mais je sais reconnaitre le talent et la créativité. Vraiment, c’est une marque à découvrir. De plus, le prix est raisonnable pour une telle qualité et une telle concentration.

 

 


24/04/2024
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Nasomatto, l'originalité à l'italienne

* Article entièrement réécrit

 

Nasomatto est une marque italienne qui compte à ce jour extraits de parfums en 30 ml (dont certains ont étés discontinués) et qui a été créée par Alessandro Gualtieri en 2008. En français, le nom de la marque peut se traduire par « nez fou » et je trouve qu’il décrit assez bien l’univers que l’on va découvrir lorsque l’on débouche les cabochons originaux de chaque flacon. Ah, le flacon ! Je crois bien que je ne vais pas échapper à vous en parler car, s’ils sont tous de la même forme, les couleurs et les capots sont tous différents. L’excentricité de l’univers de Nasomatto commence là mais, outre cela, ce sont les jus qui sortent vraiment des sentiers battus. On voit bien que le parfumeur, à chaque fois, ne s’est pas posé de limites. Les parfums de la marque ne s’adressent pas à tout le monde mais ils sont diaboliquement bien vus. J’ai choisi d’évoquer les cinq parfums de la marque qui me plaisent le plus mais la collection est intéressante et peut-être que, ici et là, dans les prochains articles, vous retrouverez quelque créations de Nasomatto.

 

nasomatto @ortoparisi #full #empty #duro #absinth #nudiflorum ...

 

« Black Afgano » est, je pense, le « best » de la marque (il me semble qu’il est sorti en 2008) et c’est vrai qu’il est aussi étonnant qu’intéressant. Alessandro Gualtieri s’est, je le pense, beaucoup amusé à créer un parfum subversif avec des notes de tête de cannabis et de davana qui nous conduit vers un parfum boisé et épicé qui allie, ébène, café, tabac, violette, framboise, oliban et un fond d’oud discret et de différents baumes. Je trouve qu’après une longe évolution, c’est un parfum à la fois boisé et un peu cuiré. Son côté un peu déroutant du départ devient cohérent et vraiment très agréable sur la peau. Attention à deux choses : tout d’abord, c’est un extrait et, si son sillage est modéré, il est tout de même bien présent et sa tenue est longue et il n’est pas le parfum de tout le monde. Il faut faire attention au moment du parfumage de bien le porter en fonction de sa concentration pour éviter qu’il devienne entêtant à la fois pour soi et pour les autres. Je dis cela de « Black Afgano » mais cette observation est valable pour tous les parfums de la marque. L’univers de celui-ci m’a un peu rappelé celui, très dense de « Vi et Arms » de Beaufort London que j’ai essayé également. Ce sont deux créations différentes mais je trouve que l’esprit très étonnant et un peu provocateur du jus leur est commun. Sur moi, il est assez agréable mais je pense que, si je le possédais, je ne le porterai qu’en certaines occasions.

 

 

J’ai aussi bien aimé « Blamage », lancé à en 2014, qui est sans aucun doute tout aussi singulier dans la marque. Alessandro Gualtieri utilise, ici des notes de tête d’aldéhyde (qui disparaissent assez vite), de crise, d’orange, de romarin et d’un accord pomme verte. Ensuite, le parfum se pose sur un bois de cèdre délicat ainsi qu’un labdanum et une vanille presque aromatique. L’ensemble est assez étonnant, puisque « Blamage » a presque un côté cuir de Russie ultra-moderne ! J’ai essayé ce parfum un peu dubitatif car je pensais qu’il me serait impossible de me l’approprier. Je crois même avoir dit qu’il était « importable », ce qui a fait beaucoup sourire la personne qui me l’a conseillé et qui, confiante, m’a simplement assuré qu’il fallait vivre avec pour se faire une idée. Et comme elle a eu raison ! « Blamage » a une aussi belle évolution que son originalité est grande. Intense, sans jamais être écoeurant, il est un parfum d’une grande élégance et je comprends ce qu’elle a voulu dire. Certes, ce n’est pas celui que j’ai choisi mais je l’ai beaucoup aimé. Il m’a emmené dans une ville chic de l’Italie du nord, entre boutiques avant-gardistes et cafés élégants. Au bout du compte, je me suis rendu compte que c’est une très belle création.

 

Nasomatto Blamage EDP 30ml for Unisex – https://www.perfumeuae.com

 

Qualifié par l’un de mes amis de « bipolaire », « China White » a été lancé en 2008. Aussi curieux que cela puisse paraitre, je pense qu’Alessandro Gualtieri a réussi à créer une fragrance à mi-chemin entre un floral franc bien qu’épicé et un cuiré amandé. Les notes de têtes sont un bouquet d’épices et une amande amère qui se marient délicieusement pour nous emmener vers un peur d’héliotrope, de fleurs blanches, d’iris et de patchouli. Le parfum, à ce stade de son évolution est un floral amandé de toute beauté mais, par moment, les notes de fond boisées et cuirées font surface avec un accord cuir de Russie très bien réalisé. « China White » a de nombreuses facettes. Il est complètement déroutant, atypique et merveilleusement réussi. Je l’ai essayé et réessayé et j’ai adoré. Il me plait particulièrement car il évolue encore et encore et encore. On a l’impression d’avoir un, deux, ou trois parfums suivant les moments de la journée. « China White » ne ressemble absolument à rien d’autre et j’avoue qu’il me plait énormément.

 

Avec « Absinth » créé en 2008 je pense, Alessandro Gualtieri a inventé un boisé épicé d’un genre nouveau. Je trouve qu’il est à la fois singulier, léger (ce qui est rare dans la marque) et tellement bien travaillé qu’il pourrait devenir un classique de la parfumerie d’auteur. Comme son nom l’indique, c’est un travail sophistiqué autour de l’absinthe qui apparait avec le poivre, les agrumes et des notes vertes dès l’envolée. L’absinthe seule résistera et se conjuguera d’abord avec un très beau vétiver d’Haïti puis un patchouli terreux et poudré par un musc blanc qui le rehausse avec beaucoup de finesse. Dans ma sélection, et même s’il a son originalité, « Absinth » est peut-être la création la moins extravagante mais je lui trouve des qualités indéniables une fois portées. La première est qu’il se porte assez facilement et qu’il est idéal pour aborder la marque et la seconde qu’il a une certaine élégance bien qu’il fasse partie de ce que j’appelle les « parfums caméléon » car d’une personne à l’autre, il est complètement différent. C’est une absinthe pleine de facettes qui peut elle celle de Rimbaud et Verlaine ou celle, plus sage peut-être, de la chanson de Barbara. C’est encore une fois une belle réussite. À essayer et réessayer sans doute mais à adopter certainement.

 

 

Contre toute attente, le parfum de la marque qui m’a séduit est « Baraonda » lancé en 2014. Sur le papier, il a tout pour de pas me plaire avec des notes de rhum et d’ambre, c’est quasiment un gourmand et pourtant, il a été un vrai coup de coeur. La marque le décrit comme oriental fruité et je trouve qu’il y a de ça. La note de tête est résolument une cannelle dense comme une épice alléchante et le coeur de datte et d’immortelle (tiens tiens, on y revient toujours), absolument addictif. Les notes de fond baumées, oscillent entre ambre, baume du zéro, cèdre, musc, patchouli, rhum, fève tonka et vanille. Tout ce que je n’aime pas et pourtant, Alessandro Gualtieri a réussi le tour de force de créer le parfum de cette famille olfactive que je trouve parmi les plus réussis. Je pense que « Baraonda » est l’un des parfums de la marque les moins connus et pourtant il gagne à l’être. Je l’ai découvert sur un ami qui le porte super bien et j’ai longuement hésité avant de franchir le pas mais je ne le regrette pas. C’est une merveille dans le froid de l’hiver. Je le retrouverai dans la bise de novembre avec délectation.

 

 

Les autres parfums de la marque sont tout aussi « dingues » et Nasomatto a tout ce que j’aime dans les marques exclusives, elle laisse toute la place à la créativité et ne se fixe aucune limite. Si, une peut-être, celle d’avoir des fragrances portables tout en restant gardant une identité très marquée. Ce ne sont pas les parfums d’un grand-nombre mais je suis certain qu’il plairont aux amateurs de sensations fortes et aux curieux qui aiment que leur nez soit titillé et surpris.

 


23/04/2024
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Atelier Chanel et lancement officiel de "Comète"

 

J’ai, depuis toujours, une certaine tendresse pour les parfums Chanel. « Égoïste » a été mon premier parfum et, depuis, j’en ai porté d’autres tels « Cuir de Russie » par exemple et, bien évidemment « Coromandel » qui est devenu, année après année « mon » parfum de la marque. J’ai été invité à participer à un atelier organisé dans les très beaux salons de l’hôtel Inter-Continental situé dans le magnifique ancien Hôtel-Dieu à Lyon 2ème, sur les bords du Rhône, au coeur de la Presqu’île et c’est avec plaisir que nous nous sommes réunis pour cette belle présentation qui avait comme prétexte le lancement officiel de « Comète », le nouvel exclusif, mais qui nous a permis de revenir, entre passionnés, sur la démarche artistique de la marque depuis la création du « N¨5 » jusqu’à cette nouvelle composition qui, je dois le dire, me remplis de plaisir.

 

Avec Alexane (dont c’était la première Master Class et que je voudrais vraiment féliciter chaleureusement car, très naturellement, elle a su, de manière fluide nous transmettre à la fois sa connaissance de la marque mais aussi sa passion du parfum en général) et Flora, qui effectué un travail de recherche, qui a participé à nous montrer combien les facettes de la créations chez Chanel revêtent quelque chose de fascinant, nous nous sommes promenés dans l’univers de la maison, de son versant parfums bien sûr mais aussi historique plus généralement car, chez Chanel, tout est lié. Je ne peux pas parler pour les autres mais, j’ai passé un excellent moment en compagnie de passionnés et les échanges ont étés stimulants, enrichissant autant que les découvertes et redécouvertes nous m’ont apporté plaisir mais aussi, il faut bien le reconnaitre, quelques envies. J’ai, entre-autres, redécouvert la beauté de « Bel Respiro » et les notes de fond de « Boy » qui ont vraiment su me surprendre. Comme quoi, en parfumerie, on apprend sans cesse et on découvre perpétuellement. C’est bien cela qui est passionnant.

 

Mais trêve de digressions (mêmes si elles sont nécessaires pour rendre-compte du très bon moment que nous avons passé), revenons à « Comète », dont le nom est inspiré de la collection de joaillerie lancée par Chanel en 1932, pour mettre en lumière le marché du diamant qui était un peu en chute libre depuis la crise de 1929 et qui n’a finalement eu qu’une durée de vie très limitée. Je ne m’étendrai pas sur l’historique, vous laissant le soin de vous documenter car l’histoire est fascinante, mais je voudrais parler à nouveau de ce parfum, dont le lancement mondial aura lieu début mai mais que nous avons en France depuis déjà quelques semaines.

 

 

In-House Perfumer Olivier Polge

Olivier Polge

 

 

Avec « Comète », la nouvelle création des Exclusifs de Chanel, Olivier Polge n’est pas parti dans une composition d’une originalité folle. Il s’est plutôt attelé à travailler un très bel accord d’iris et de fleur de cerisier (que nous avons senti) avec la fleur d’héliotrope. Le résultat est, un cocon, comme une soie ou un fil de cachemire, confortable, réconfortant même, qui apporte à la marque un vent de modernité tout en restant dans l’élégance de l’esprit Chanel. Si j’avais été un peu dérouté par « Le Lion », le précédent parfum, je dois dire que j’adhère totalement à « Comète ». Il ne me surprend pas, il me rassure, m’enveloppe et m’apporte une sensation de bien-être vraiment significative. Pour moi, il est l’écharpe de soie chantée par Cora Vaucaire, le thé dans un endroit cosy avec de belles tasses en porcelaine anglaise, le coin du feu qui commence à s’éteindre avec l’arrivée du printemps… « Comète » représente toutes ces choses douces, qui font de certains moments de la vie un temps de paix et de confort. Le côté amandé de l’héliotrope se poudre du beurre d’iris et se rafraîchit du côté fleur de cerisier. Tout est beau et bien fait. Bien sûr, on a l’impression qu’on le connait déjà par moment mais peut-être parce qu’on l’attendait beaucoup.

 

 

 

Comète Chanel parfum - un nouveau parfum pour femme 2024

 

 

 

J’ai lu des choses sur « Comète », certains d’entre-vous ont étés déçus peut-être mais moi, je ne le suis pas. Il est beau, qualitatif, moderne et pourtant classique… En somme, il est Chanel ! J’ai pris un grand plaisir à le redécouvrir en groupe et je voudrais remercier Camille, Stéphanie, bien sûr Jean Frédéric et toutes celles, super sympathiques, qui ont su se passionner au cours de cet atelier et renvoyer la balle à Alexane et Flora afin de rendre ce moment un temps d’échange bien agréable, formateur et passionnant. Je voudrais aussi remercier, parce que nous avons beaucoup échangé ces derniers temps, Carine, de la boutique Chanel du Printemps de Lyon qui, à chaque sortie de parfum, à chaque achat, nous fait profiter de sa science et de sa connaissance de la marque sans compter son temps. Bien évidemment, encore une fois, une mention spéciale à Alexane et Flora pour le travail tout en finesse qu’elles ont effectué, leur passion et leur bienveillance. La parfumerie est une passion un peu dévorante mais des moments comme cela sont inestimables !

 


22/04/2024
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Frédéric Malle : 25 ans de direction artistique

 

 

La nouvelle a été annoncée le 19 avril : Frédéric Malle quittera la direction artistique des Éditions de Parfums qui portent son nom à la fin du mois de juin. Il avait créé sa maison en 1999 avec l’ambition d’en faire une sorte de « Gallimard » du parfum (sans jeu de mot) et de donner carte blanche à des parfumeurs afin de les remettre au centre de leur oeuvre. Maintenant, d’autres marques telles Maison Rebatchi, Essential Parfums ou Parfumeurs du Monde marchent sur ses traces mais il a été le premier et, durant 25 ans, il a su, même après avoir vendu Les Éditions de Parfums Frédéric Malle au groupe Estee Lauder en 2015, jouer un grand rôle dans la création, adaptant sa méthode à celle de chaque parfumeur. Je trouve que 25 ans de travail, ce n’est pas rien et j’ai eu envie de revenir sur ce qui a été sans aucun doute, l’une des plus grandes marques de parfumerie de niche tant la liberté de création et de ton était importante. Il fallait saluer le départ de son fondateur alors pourquoi ne pas le faire à travers un petit historique et une promenade dans les parfums que je préfère. J’en ai porté quatre et aimé d’autres. J’en ai donc retenu cinq qui, pour moi, sont la colonne vertébrale d’une marque pas comme les autres.

 

En 1999, tout commence avec une visite de Frédéric Malle, dont la mère avait été directrice des parfums Dior, à Cabris chez Madame Roudnitska dont le mari, Edmond, a été, sans aucun doute l’un des créateurs les plus importants du XXème siècle. Je ne reviendrai pas sur ses compositions mythiques pour me concentrer sur ce que le futur fondateur de la marque considère comme son chef-d’oeuvre. Cette fragrance, créée à la fin des années 50, Frédéric Malle l’a toujours eue dans le nez et dans la tête. Elle n’a pas de nom. Dans le milieu de la parfumerie, on l’appelle « La Prune » et Edmond Roudnitska le considérait un peu comme un parfum maudit car il avait été refusé par Dior et même par Guy Laroche alors qu’il aurait du sortir sous le nom de « Fidji ». Le parfumeur, l’appelait « le galeux » ou « le tondu ». Pourtant, il n’a cessé de le peaufiner, de lui apporter une belle patine pour l’offrir à son épouse. Elle le portera pendant trois décennie et Frédéric Malle, en 1999, vient lui proposer de le sortir enfin pour le public. Il n’a pas de nom, il sera « Le Parfum de Thérèse » et demeure, pour moi, l’un des plus grands chypres de la parfumerie. On l’appelait « La Prune » car cette note de prunol, si chère à Edmond Roudnitska, est présente de l’envolée aux notes de fond mais sa complexité un peu feinte, car la formule en est courte, est unique, déroutante, inattendue et c’est à cela que l’on peut reconnaitre un chef-d’oeuvre. Après un départ de melon d’eau, de concombre et de poivre noir, la fraîcheur se fait ronde puisque nous arrivons sur un coeur de prune, de violette, de rose et de jasmin puis un fond de vétiver et de patchouli. Je ne parle que des notes listées par la marque mais il y en a beaucoup d’autres. Je pense à la bergamote qui adoucis un peu l’envolée à la mousse de chêne, par touches, qui donne au fond son côté facetté. « Un parfum secret, la déclaration d’amour d’Edmond Roudnitska à sa femme Thérèse. Un monument de la parfumerie du XXème siècle porté par une seule femme durant près d’un demi-siècle. Un accord de prune teinté de melon et de concombre d’une modernité prophétique. Une touche de classicisme apportée par la rose et le jasmin. Alors qu’une base de cuir clair vient parfaire ce trésor ». Frédéric Malle voulait, pour lancer sa marque, éditer ce parfum. Ainsi est enfin né « Le Parfum de Thérèse ».

 

 

 

Le Parfum de Therese Frederic Malle parfum - un parfum pour homme et femme  2000

 

 

 

 

"Le Parfum de Thérèse" par Michel Roudnitska :

 

 

 

Lors de cette visite, le directeur artistique demande à Michel Roudnitska, le fils d’Edmond, qui a déjà composé plusieurs parfums, de lui montrer les projets sur lesquels il travaille et arrête son choix sur un étrange oriental épicé « pour femmes brunes ». Frédéric Malle est absolument emballé par ce qu’il découvre et demande à Michel Roudnitska de l’achever en lui rajoutant un peu de vanille, entre-autres, un peu de vanille. Il aurait pu s’appeler « Épices Noires », il sera « Noir Épices ». « La profondeur du noir. Un parfum composé comme une toile de Rothko, où couche après couche, les textures et les couleurs deviennent de plus en plus sombres, profondes, et mystérieuses. Un bouquet d’épices qui repose sur une base crépusculaire de bois de santal et de patchouli. Un départ d’orange et de géranium provoque un léger clair-obscur et ajoute une vibration supplémentaire à ce tableau abstrait ». Avec son envolée d’orange amère et de géranium, son coeur de clou de girofle, de noix de muscade, de cannelle et de poivre noir et son fond de patchouli et de bois de santal, ce parfum atypique va séduire une clientèle bien plus large que prévue et demeure, encore aujourd’hui, l’une des plus belles ventes des Éditions de Parfums Frédéric Malle. Non seulement, il va séduire les femmes brunes et ténébreuses mais aussi les blondes. On raconte que Catherine Deneuve, par exemple, l’a porté. Il va aussi rencontrer un autre public complètement inattendu : les hommes. En effet, il est autant porté par les unes que par les autres. « Noir Épices » n’est pas du tout un grand féminin… c’est un grand parfum. Pour la petite histoire, il est celui que j’ai le plus porté dans la marque. Je continue d’ailleurs même si son prix s’est envolé au cours des trois dernières années. Pour moi, « Noir Épices » est un incontournable de la maison même si on en parle moins que de « Portrait of a Lady ».

 

 

Noir Epices Frederic Malle parfum - un parfum pour homme et femme 2000

 

 

 

Parmi ce que je considère comme faisant partie des iconiques de la marque il y a cette collaboration datant de 2000 avec l’inventive Olivia Giacobetti. Il a pour nom « En Passant » et il fut mon premier parfum de la marque. « Un vent de lilas. Au printemps, les premiers rayons de soleil allument les rues de Paris d’une douceur joyeuse, et un vent de lilas coquin soulève les robes légères. Une trace de concombre absolu accordé à un lilas très épuré donnent à ce parfum une fraîcheur aérienne, un lit de cèdre, de blé et de musc blanc, tout se mêle à la peau pour danser le printemps. Léger comme le printemps ». Ce parfum-là, je l’ai voulu vraiment. J’ai attendu de pouvoir l’acquérir et je l’ai porté jusqu’à plus soif si j’ose dire. C’est un parfum dont la créatrice a le secret. Il est différent, il bouscule les conventions comme une promenade au printemps sur un bord de mer. Le départ de lilas et de concombre est frais, comme craquant, naturaliste et réaliste et nous emmène sur un coeur salin presque imperceptible avant de se poser sur un fond de cèdre et de muscs blancs. Pour moi, « En Passant » est comme un équilibre idéal entre notes florales, musquées et boisées, comme un éveil de la nature d’un jardin de bord de mer. Il n’est d’ailleurs pas, pour moi, sans rappeler, le très beau « Vacances » de Jean Patou et c’est peut-être pour cela que je m’y suis attaché. J’aime énormément ce parfum. Il n’est peut-être pas mon lilas idéal mais il s’en rapproche beaucoup, tout le temps. Je ne le porte plus mais je ne l’ai jamais oublié. Il reste, pour moi, sans aucun doute, l’un des fleurons des Éditions de Parfums Frédéric Malle.

 

 

En Passant Frederic Malle parfum - un parfum pour femme 2000

 

 

 

À l’instar de Pierre Bourdon, de Maurice Roucel et de Dominique Ropion, Jean-Claude Ellena a, hormis à l’époque où il était le parfumeur attitré d’Hermès, beaucoup collaboré aux Éditions de Parfums Frédéric Malle. De « Angéliques Sous La Pluie » à « Heaven Can Wait », il a créé nombre de merveilles pour la marque. J’ai beaucoup hésité car je voulais absolument en retenir une et j’ai opté pour « Rose & Cuir » lancé en 2019 car je pourrais parfaitement le porter. Le parfumeur et le directeur artistique voient ce parfum comme un tableau de Nicolas de Staël, de grands aplats de matières qui se rassemblent, se séparent, se rejoignent… Un parfum d’élégance et de subjectivité. J’ai beaucoup tourné autour de « Rose & Cuir » mais peut-être est-il un peu trop tranché pour moi. « Le calme avant la tempête. Le parfum s’ouvre sur une interprétation très cristalline de la Rose - pure, fuselée, moderne et sans compromis. Une note de cassis, et des extractions uniques de Poivre Timut et de Géranium Bourbon viennent ajouter leurs touches fraîches et épicées. Mais derrière l’azur gronde un orage à peine contenu: le Vétiver et le Cèdre se mêlent à un cuir sombre et terreux. Un mystère qui a pour origine l’IsoButyl Quinoline – molécule intense et amère, désormais oubliée après avoir été mise à l’honneur par la parfumerie audacieuse des années folles. A la fois chatoyante et sobre, cette composition florale, s’affirme au fil du temps et laisse alors paraître une sensualité maîtrisée ». Un départ de géranium Bourbon et de cassis, un coeur de vétiver et de bois de cèdre et un fond de cuir pour recréer une rose inspirée par « Rose » de Rochas créé dans les années trente par Edmond Roundntiska. Peut-être Frédéric Malle et Jean-Claude Ellena voulaient-ils « boucler la boucle ». En tout cas, le parfum est beau, tendre et fort… Comme l’approche d’une certaine perfection.

 

Rose & Cuir Frederic Malle parfum - un parfum pour homme et femme  2019

 

 

"Rose & Cuir" par Jean-Claude Ellena et Frédéric Malle :

 

 

 

Il se nomme « Synathétic Nature » mais il est né « Synthétic Jungle » en 2021. Il a été créé par Anne Flipo et il est le parfum le plus clivant de ma sélection mais il fut, avant sa sortie, pour moi, un véritable coup de foudre. Je l’ai essayé quelques mois avant sa sortie et, ensuite, j’ai acquis un flacon que j’ai porté jusqu’à la dernière goutte. Il m’a tellement séduit par son côté chypre vert, comme un nouveau « Vent Vert » de Balmain, comme une nature étrange et pourtant réaliste. Dès le départ, le galbanum se mêle au muguet et au basilic avant de se parer d’un coeur de jasmin puis d’un fond de patchouli et de mousse de chêne. Il est moderne et absolument fascinant. « Le premier parfum composé par Anne Flipo pour Frédéric Malle. Synthetic Jungle devient Synthetic Nature. Un nouveau nom, soigneusement choisi, pour une formule qui demeure inchangée, un parfum lumineux et luxuriant, mystérieux et provocateur. Anne Flipo a conservé la note de basilic, qu’elle a associée à un bouquet de jacinthe, muguet, jasmin et ylang ylang. Pour ciseler et moderniser l’ensemble, elle a ajouté une note de cassis synthétique et d’acétate de styrallyle : un véritable filtre de brillance et d’éclat pour les fleurs. Elle a également simplifié et épuré les facettes chyprées et cuirées d’origine. Enfin, elle a introduit une note de patchouli, l’un des ingrédients les plus complexes et les plus évocateurs de la palette des parfumeurs ». Incisif, rafraîchissant, profondément segmentant, « Synthetic Nature » me plait, il me séduit, il vient me chercher et il est bien probable que je le porterai encore une fois ou deux même si son prix est devenu, pour moi, un peu prohibitif et qu’il faille que je fasse des choix. Quand il est sorti, j’avais l’impression qu’il ne plaisait qu’à moi… J’adorais ça !

 

Synthetic Nature Frederic Malle parfum - un nouveau parfum pour homme et  femme 2024

 

 

Durant 25 ans, Frédéric Malle a construit une marque, été un véritable directeur artistique, présent, inspiré. Il a mis en valeur les parfumeurs. Parmi les autres parfums que j’aime, je pourrais citer « Angéliques Sous La Pluie » et « Heavent Can Wait » de Jean-Claude Ellena, « Carnal Flower » de Dominique Ropion, « Lys Méditerranée » d’Édouard Fléchier, « Outrageous » de Sophia Grosjman et bien d’autre. En tout cas, je trouve que Frédéric Malle a bien fait son numéro pour paraphraser Robert Charlebois. J’avais envie de saluer son travail avant son départ.

 


21/04/2024
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La Gold collection de Perris Monte Carlo

 

 

 

Gold Collection– Perris Monte Carlo

 

 

En 2022, la maison Perris a eu 20 ans et c’est vrai que je ne l’ai pas fêté alors que j’aime beaucoup les créations de la marque. Elle a été inaugurée par la sortie des quatre premiers parfums de la Gold Collection. En 2023, avec la marque a fêté cet anniversaire avec la création et la sortie de « Shining Moon ». J’ai remis mon nez dans les belles compositions de cet univers en matières et or et je veux revenir sur chaque compositions tout en vous donnant mon ressenti. J’espère que je vous donnerai envie de mettre votre nez dans cette collection qui n’est pas la plus connue de la marque mais que je trouve fondatrice vu qu’elle a été la première.

 

Un parfum où l’ambre gris serait travaillé en majeur et qui serait portable toute l’année malgré une certaine opulence, tel était le postulat de départ de la première fragrance de la marque. Elle a pour nom, tout simplement, « Ambre Gris » « Produit par le cachalot, l’ambre gris a besoin d'être bercé par la mer et le soleil pendant plusieurs années pour mûrir et devenir l'ingrédient précieux utilisé en parfumerie. Son parfum est riche, chaud, très sensuel et extrêmement durable. La rareté naturelle de l'ambre gris et ses propriétés précieuses l’ont rendu mythique ». Les belles matières premières dénichées et transformées de manière équitable et éthique, sont le cheval de bataille de Gian Luca Perris et, dès 2012, le fondateur de la marque a joué les globe trotters pour trouver les composants de ses parfums, de la source au produit fini. Si l’ambre gris est le fil conducteur de ce parfum, il n’apparait vraiment qu’au coeur, associé à des notes de rose et d’iris mais après une envolée de clou de girofle et de géranium. Le fond, de musc, de benjoin, de labdanum et de vanille ajoute à l’ensemble une légèreté un peu feinte car le parfum tiens très bien. « Ambre Gris » revêt un côté un peu vintage mais je le trouve à la fois unique et agréable. J’aime beaucoup ce travail autour d’une matière première qui se situe, pour moi, quelque part entre attirance et répulsion. Il n’est peut-être pas celui que je porterai le plus facilement mais je le trouve vraiment très réussi.

 

 

Ambre Gris Perris Monte Carlo parfum - un parfum pour homme et femme 2012

 

 

 

« Une note de tête fraîche et vivifiante de bergamote évolue vers un cœur sensuel de fleurs délicates et de fruits gorgés de soleil. La note boisée est enrichie par des notes de vanille et de musc. Dans Bois d'Oud nous avons utilisé des épices pour souligner le côté naturel, oriental et épicé caractéristique de l’Oud ». Plus simple, duel avec son départ de bergamote et son coeur de cannelle, d’épices, de rose et de jasmin puis vient ce oud, envahissant et pourtant très occidentalisé en fond. Il est associé à des notes de muscs, de vanille et de safran. C’est un parfum dans lequel la note de oud est travaillée en majeur et pourtant, je lui trouve une certaine légèreté. Pour moi, ce parfum, est un paradoxe. Il oscille entre élégance et animalité. Il est sans doute celui qui me conviendrait le moins dans la collection. Je le trouve dense mais sans excès. En revanche, la note de oud est pour moi, un peu dérangeante par moment et attractive à d’autres. Parfois, lorsque je me dis que je trouverais un jour un parfum oud que je pourrais vraiment porter, celui-ci me revient en mémoire mais il n’est pas, en dépit de sa qualité, un coup de coeur. En effet, il y a une note qui me dérange parfois et qui m’empêche de le trouver exactement à mon goût.

 

Bois d'Oud Perris Monte Carlo parfum - un parfum pour homme et femme 2012

 

 

 

 

Avec son côté épicé et légèrement gourmand, « Essence de Patchouli » est sans doute l’un des parfums de la collection que je préfère. Après une envolée de clou de girofle, d’amande, de géranium et de rose puis son coeur, très solinote de patchouli et son fond de santal, d’ambre, de vanille, de labdanum et de bois de gaïac qui lui confère quelque chose de presque sucré mais sans jamais être trop tranché. « Le patchouli pousse en Indonésie, Chine et Inde. L'huile essentielle a une forte odeur boisée, camphrée de mousse humide. La meilleure qualité a une odeur de chocolat amer. L’Essence de Patchouli, un parfum de luxe, une émotion terreuse et exotique qui stimulera vos sens en laissant derrière vous une belle aura nostalgique ». Si je lui préfère, d’une courte tête, « Patchouli Nosy Be », dans la collection noire de la même marque, je le trouve vraiment très réussi. Il me plairait presque mais je lui trouve, curieusement, quelque chose d’exclusivement féminin. Je ne sais pas si je pourrais le porter mais j’aime beaucoup le sentir.

 

Essence de Patchouli Perris Monte Carlo parfum - un parfum pour homme et  femme 2012

 

 

 

Un cocon, propre et très bien réalisé, tel est « Musk Extrême ». Il s’ouvre avec des notes de roses rendues presque « champagne » par des aldéhydes puis vient un coeur d’épices, d’ylang-ylang, de jasmin et d’iris et enfin un fond muscs blancs, notes boisées et vanille. « Au fond des montagnes himalayennes, Musk Extrême est véritablement l’odeur de sophistication et de sensualité. Ce parfum chaud et durable fait une impression éternelle sur votre psyché ». C’est un parfum propre, très aldéhydé, profondément élégant et très réconfortant. Je l’ai porté et, curieusement, je sens très bien la profusion de muscs blancs alors qu’il m’arrive d’avoir une vraie anosmie pour certaines molécules. L’impression, sur ma peau, est celle d’un linge frais, propre, d’une coupe de champagne et d’un flocon de coton. Pour moi, ce parfum est une très belle réalisation qui sort un peu des sentiers battus mais dans lesquels muscs d’inspiration animale et muscs blancs se rencontrent et s’éloignent. J’aime bien « Musk Extrême ». Il est réjouissant et il me plait beaucoup. Je pense qu’il mérite qu’on y mette ou y remette son nez. En tout cas, c’est une belle réussite.

 

Musk Extreme Perris Monte Carlo parfum - un parfum pour homme et femme 2012

 

 

Sorti en 2023, « Shining Moon » fêtait les dix ans de la marque et de la collection. Gian Luca Perris a inventé un parfum inédit, original et, finalement assez déroutant pour les amateurs de la marque car, je le trouve à la fois sophistiqué et très inattendu. Certes, la Collection Or est assez étonnante en général mais « Shining Moon » en surprendra plus d’un. C’est un évènement et je dois dire que je suis content de l’avoir découvert. Je pourrait tout à fait porter ce parfum, je le dis dès l’introduction car, vraiment, il me plait bien. « Un parfum qui capture un instant une émotion, une image, enveloppée dans la lumière d'une lune brillante. Un départ frais et lumineux de poivre rose. Naît alors d'un kaléidoscope olfactif qui associe un cœur fleuri de magnolia, de jasmin et de rose à une base de cèdre de Virginie et de santal adoucie par du cashmeran, de l'Iso E super et du musc. La fusion des fleurs et des bois tendres révélé un jus surprenant, raffiné et magnétique. Un parfum festif, évocateur, qui capture la magie et la poésie de la lune… ». Et voilà qu’apparaît sur ma peau, une fragrance en clair-obscur, tendre et florale avec, tout de même une certaine force. Pour moi, « Shining Moon » est aussi à la jonction entre matières naturelles et synthétique et a été composé grâce à une palette très large du parfumeur. Après une très belle envolée de poivre rose qui vient titiller mon nez apparait un coeur floral, très transparent, qui mêle des notes de magnolia un peu aquatiques mais quand même rondes, de jasmin et de rose. Au bout de son évolution, le fond très complexe et enveloppant enrichit ce bouquet avec la conjonction de la molécule d’iso-E-super, de muscs, de cashmeran soutenus par le côté très doux du bois de santal et légèrement poudré du cèdre. Je dois dire que je trouve que le mélange est addictif. Sur ma peau, la tenue est excellente (enfin sur mon bras car je ne l’ai pas encore essayé autour de moi) et le sillage tout à fait correct. J’aime beaucoup ce parfum et le fait qu’il soit un peu un tournant pour la marque. Novateur, délicat, « Shining Moon » est une belle belle trouvaille.

 

 

Shining Moon Perris Monte Carlo parfum - un nouveau parfum pour homme et  femme 2023

 

 

Le grand écart entre les quatre premiers parfums de le Gold Collection sortis entre 2012 et 2013 et le dernier qui date de 2023 est assez impressionnant. J’ai comme l’impression, qu’il s’agit d’un tournant notamment pour cette série et même pour la marque. Perris Monte Carlo demeure l’une des marques que je préfère depuis que je l’ai découverte et je salue, avec cet article, l’engagement et l’inventivité de son fondateur Gian Luca Perris.

 


20/04/2024
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Jardins d'Écrivains et les Cocottes de Paris, l'univers d'Anaïs Biguine

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C’est en 2012 qu’Anaïs Biguine crée sa marque, « Jardins d’Écrivains » en commençant par des bougies puis en développant tout une gamme de fragrances et d’objets parfumés et en lançant pas moins de quatre collections : Les Eaux de Parfums, Les Cuirs, Les Cocottes de Paris et Gri Gri que je ne connais pas encore plus toute une gamme de colognes et de macérations florales. J’ai déjà évoqué « Marlowe », « Orlando », « Gigi » et « Alcools » qui est l’un des fleurons de la collection des Cuirs. Dans sa boutique du 15 rue des Tournelles à Paris, la marque est au centre de tout un univers hommage non seulement à des écrivains mais également aux personnages de certains romans à un certain nombres de personnalités (dont les demi-mondaines) qui ont marqué leur époque. J’ai eu envie de me promener dans le petit monde créé olfactivement par Anaïs Biguine car j’ai eu l’occasion d’avoir accès à plein de doses d’essai mais il me reste encore beaucoup de fragrances à découvrir.

 

 

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Anaïs Biguine, la créatrice de la marque.

 

Pour commencer, je vais rester dans la collection des Eaux de Parfum qui sont vendus en 100 ml à un prix très raisonnable compte-tenu de leur qualité et de la créativité avec laquelle elles ont été composées. C’est en hommage à Aurore Dupin baronne Dudevant mieux connue sous le pseudonyme de George Sand. Certes, Nicolas de Barry avait déjà créé une fragrance supposée traduire son univers mais l’interprétation d’Anaïs Biguine est bien différente. L’ouverture est très fraîche avec des notes de néroli et de bergamote et on entre dans un coeur d’héliotrope très poudré, de café et de tabac qui s’appuie sur un fond presque frais de muscs blancs et rond avec des notes de baume du Pérou et de myrrhe. Sorti en 2012, « George » a été le premier parfum pour soi de la marque. J’ai eu l’occasion, plusieurs fois, de l’essayer et je l’ai bien tête. C’est un parfum très délicat et finement réalisé. Je lui trouve presque des accents d’absinthe. J’aime beaucoup son côté à la fois très XIXème et très moderne. Je ne le porte pas encore parce que j’ai opté pour « Orlando » et qu’on ne peut pas tout avoir mais je pense que je pourrai le faire prochainement car il me plait beaucoup.

 

 

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Créé en 2013 en hommage au sulfureux écrivain et dramaturge britannique, « Wilde » est une véritable plongée dans un univers paradoxal, voire sulfureux. Les notes de tête sont la bergamote et le raisin, rond et élégant mais c’est le choix fait pour le coeur qui, je trouve confère à cette fragrance son côté dandy qui est vraiment indéniable. Jugez plutôt, un oeillet piquant, un lait de figue presque crémeux et des notes envoutantes de thé. Le parfum est soutenu par un vétiver très présent et une mousse de chêne élégante. J’ai été très séduit par « Wilde » et c’est vrai que c’est un peu avec ce genre de parfum que j’imagine le très libre Oscar. On a l’impression de se promener dans l’univers à la fois sombre et élégant de « l’Éventail de Lady Windermere » ou de suivre Mr Worthing dans « L ‘Importance d’Être Constant ». Je trouve le jus très mixte et, si je pourrais très facilement me l’approprier, je l’imagine également sur une fille très enjouée et pleine de vie car « Wilde » m’évoque tout de même un peu la fête.

 

 

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Dans la collection Cuirs qui représente les auteurs de la pléiade, j’ai opté pour « Alcools » dédié à Apollinaire mais les trois autres sont vraiment très beaux également. J’en veux pour preuve « Exil » inspiré évidemment de l’oeuvre de Saint John Perse lancé en 2018. C’est un cuir aromatique profond et élégant à la fois qui s’ouvre avec une envolée d’eucalyptus et de thym et nous conduit à de surprenantes notes de coeur de clou de girofle et d’ambre. Le fond est tout aussi original car, s’il est construit autour d’un cèdre très cuiré, il est aussi poudré par des notes de musc et d’héliotrope. Je l’ai senti il y a déjà quelques temps et j’y suis revenu lors de notre dernier séjour à Paris car je trouve que c’est vraiment une réussite. « Exil » est atypique, c’est un fait et je l’ai énormément aimé. Il est très chic et, en même temps, jamais convenu. Il se veut une invitation au voyage et il l’est. C’est un parfum que j’essayerai bien.

 

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Les Cocottes de Paris font la part belle à ces mythiques demi-mondaines qui ont eu, finalement, une grande importance dans le Paris du XIXème siècle. « La Castiglione » et « Mlle Cléo » m’ont bien plu mais c’est sur « la Belle Otero », lancé en 2015, que mon nez s’est attardé car j’ai trouvé qu’il y avait une vraie originalité tant dans la pyramide oflactive que je vais détailler que dans l’agencement à la fois cohérent des notes. Je trouve qu’Anaïs Biguine a, avec cette fragrance, réalisé vraiment quelque chose de très original et de vraiment élégant. La complexité commence tout de suite avec des notes de tête surprenantes de néroli, de poivre, d’absinthe, de figue et de gingembre et, d’emblée, le parfum est très rond et envoutant. Au coeur, on retrouve le côté poudré et finalement très XIXème de la violette associé à des muscs, de la lavande et du narcisse ainsi que des accents de buchu qui est une plante sud africaine très aromatique. Le parfum repose sur des notes de fond d’iris, d’encens et de santal qui lui donnent un côté à la fois profond et poudré. J’ai beaucoup aimé cette interprétation de ce que pouvait être le parfum de « la Belle Otero ». Je ne sais pas si je pourrais le porter mais vraiment, j’ai été emballé lorsque je l’ai eu sur mon poignet.

 

 

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Parmi les colognes que j’ai beaucoup aimé, je me suis arrêté sur « L’Eau de Marceline », dédié je pense à la poétesse Marceline Desborde-Valmore et qui est, je trouve, la plus atypique de la collection avec une ouverture de fleur d’oranger, de cerise, de chèvrefeuille et d’iris soutenue par des notes aquatiques vraiment agréables pour aller sur un coeur d’ylang ylang et un fond de rose. Nous sommes loin de la cologne classique hespéridée et aromatique mais je ne l’ai sentie qu’une fois et je ne l’ai jamais oubliée. Si la concentration est très légère, il faut bien dire que la fragrance est magnifique et que j’ai été presque frustré qu’elle n’existe pas en eau de parfum. C’est un petit plaisir pas cher car c’est un un grand conditionnement de 300 ml. J’ai vraiment adoré et il est bien probable, si je la trouve, que je vais m’offrir « L’Eau de Marceline » pour après la douche dans un avenir proche.

 

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Il existe bien d’autres merveilles dans les collections inventées par Anaïs Biguine et je trouve que Jardin d’Écrivains, tout comme Les Cocottes de Paris sont à découvrir absolument d’autant, et j’insiste, que, compte-tenu de la finesse des créations et de la qualité des matières premières, tous les parfums ont un rapport qualité-prix tout à fait excellent. J’ai eu un coup de coeur pour cet univers parfumé et je pense que j’y reviendrai souvent. Je ne sais pas où la marque est distribuée en région aujourd’hui mais si vous tombez dessus, vraiment il faut aller la découvrir. Ce sera, immanquablement, une belle expérience olfactive.

 


19/04/2024
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